Dans sa chronique sur l'économie et la consommation, Bruno Wattenbergh a évoqué le recyclage... dans un secteur très particulier, l'aviation.
Auparavant, un avion avait une durée de vie de 20 à 30 ans, avec un principe proche de celui des centrales nucléaires, on remplace très régulièrement les pièces les plus critiques. Le hic, c’est que la montée des préoccupations environnementales et les contraintes légales qui les accompagnent réduit considérablement cette durée de vie. Aujourd’hui, toutes les compagnies aériennes ou presque tentent de se procurer des avions qui consomment moins, plus léger donc.
Il y a donc beaucoup d’avions qui vont se retrouver à la casse ?
Oui. L'IATA, l’Association internationale du transport aérien international, a récemment estimer qu’il faut déclasser quelque 700 appareils chaque année. On estime que dans les 20 prochaines années, 12.000 avions devront être démantelés.
Est-ce qu’il reste de la valeur dans ces vieux avions ?
Oui. D’abord, le premier marché de ce recyclage, ce sont les pièces dites révisables. Des pièces encore en très bon état et que des entreprises spécialisées, un peu partout dans le monde, certifient et revendent aux compagnies avec une traçabilité.
Ensuite, il faut bien se rendre compte qu’environ 90 à 95% des pièces d’avion sont recyclables. Il y a de l’aluminium bien sûr, recyclable à l’infini avec un excellent bilan énergétique, beaucoup d’autres métaux précieux, des câbles, certains composites. Bref, il faut trier, mais cela vaut la peine de recycler, pour la nature, mais aussi pour le porte-monnaie.
C’est donc un marché prometteur… En profitons-nous en Belgique ?
Pas encore, mais une première expérience créée à Ostende en 2017 a déposé le bilan cette année. Sans que l’on sache bien pourquoi. Une autre entreprise flamande a été lancée par un passionné flamand, Hans Verbist qui lui vise plutôt les collectionneurs. Avis aux amateurs, son entreprise Fenix Recycling ouvre également son hangar tous les samedis aux particuliers pour de la vente directe.
Et puis, il y a un gros projet en Wallonie ?
Oui. Le gouvernement wallon va profiter du plan de relance européen pour lancer une série de filières dans le recyclage des matériaux, dont ceux issus des vieux avions. Cela passera par un appel d’offre international avec près de 30 millions d’euros à la clé, dont 8 millions pour former des recycleurs. Plus de 2 hectares ont aussi été réservés via un terrain de la SONACA à Charleroi.
Bref, une belle opportunité dans la transition, dans de l’activité, technologique, n’est-ce pas, notamment pour recycler les composites, mais une activité qui sera sans doute intensive en main d’œuvre et c’est ce que le pays de Charleroi a besoin.
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