La flexibilité du travail, une demande forte de l’industrie technologique, mais qui ne plaît pas du tout aux syndicats. C’est ce dont nous parle ce jeudi matin Bruno Wattenbergh dans sa chronique éco sur Bel RTL.
Ce jeudi matin dans le BEL RTL Eco, Bruno Wattenbergh a abordé la flexibilité du travail. Un sujet qui ne va pas plaire à Raoul Hedebouw invité par Martin Buxant. Une flexibilité réclamée à cor et à cri par l’industrie technologique, c’est à dire les emplois de demain, et décriée tout aussi fort par les syndicats.
Selon Agoria, la Fédération des industries technologiques, il faut absolument adapter l’économie et cela passerait par une plus grande flexibilité du marché du travail. Pourquoi ?
On le sait le marché de l’emploi va être et est déjà en profonde mutation. D’abord, les besoins de la plupart des entreprises évoluent fortement, notamment pour saisir les opportunités et contourner les menaces générées par la digitalisation. Ensuite, la manière dont ces entreprises contractent ces nouvelles fonctions, relève plus du contrat temporaire, du statut d’indépendant, que d’un CDI à vie. Mais il y a pire que cela, les fonctions dans l’entreprise vont de plus en plus se polariser.
Que voulez-vous dire par "polariser" dans ce contexte-ci ?
L’accroissement simultané à la fois du nombre des métiers les plus qualifiés et des moins qualifiés. Ce qui provoque automatiquement la baisse du nombre d’emplois au milieu de l’échelle des qualifications, ceux qui sont les plus nombreux.
Peut-on chiffrer les conséquences de cette polarisation des emplois ?
Hier, l’économiste en chef de Belfius estimait que cette polarisation devrait provoquer la disparition d'environ 3.000 emplois par an en Belgique. Principalement dans les fonctions intermédiaires, tandis que les métiers manuels et les fonctions hautement qualifiées devraient tirer leur épingle du jeu.
Mais est-ce que ces pertes ne vont pas être compensées par la création de nouveaux emplois ?
D'autres métiers seront créés, par exemple dans le secteur des applications mobiles. Mais impossible de savoir combien d’emplois de ce type seront créés ou qui va former ces futurs employés ou si les emplois intermédiaires vont pouvoir être formés pour récupérer ces nouveaux emplois. Je le dis et je me répète, dans cette société aujourd’hui, il n’y a aucun objectif plus important que l’éducation de base et la formation professionnelle, parce qu’il sera impossible de financer pour le restant de leur vie professionnelle ceux qui auront été exclus du marché du travail.
Revenons à l’enjeu de la flexibilité, pourquoi plus de flexibilité pour mieux faire face à ces mutations ?
Le monde s’est accéléré et les entreprises sont des organismes vivants qui meurent s’ils ne s’adaptent pas. Pour les entreprises, le facteur emploi reste à la fois un capital et une source de valeur, mais aussi une lourde charge. Je parlais avec un CEO d’une entreprise informatique il y a quelques semaines et il m’expliquait qu’il pourrait demain créer 2 à 300 emplois, mais seulement s’il pouvait licencier une centaine de travailleurs qui ne parviennent plus à s’adapter. Le hic c’est qu’il n’a pas les moyens de payer une centaine de préavis. Alors qu’est-ce qu’il faut faire ? Se battre pour créer de l’emploi ou protéger l’emploi existant ? Un débat récurrent et la flexibilité et la formation professionnelle sont deux réponses capitales. Bien sûr, une flexibilité expliquée, négociée et dans un contexte où l’on offre une solution inclusive aux exclus du marché du travail.
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