Ce matin dans sa rubrique Bel RTL Eco, Bruno Wattenbergh est revenu sur ce fameux tax shift qui est entré en vigueur ce weekend pour mieux comprendre les mesures annoncées.
Quelles sont en résumé les mesures de ce fameux 2ème tax shift annoncé ce week-end ?
En gros, on a baissé les charges sociales, on a tripoté la fiscalité pour taxer moins fort et moins vite les revenus : on a ainsi augmenté la quotité forfaitaire exemptée d'impôt, augmenté la déduction des frais forfaitaires et du bonus emploi, et supprimé une tranche d'imposition. On a ajouté un peu de dégressivité pour qu’il y ait un peu de justice sociale, bref, à la fin de la législature, le salaire poche de tous les Belges devrait avoir augmenté. Pour les indépendants, des mesures sont proposées pour les pousser à créer de l’emploi et investir, mais aussi pour augmenter leur pouvoir d’achat. Enfin, n’oublions pas un relèvement des minimas sociaux de 2%.
Comment l’Etat va-t-il financer ces mesures ?
Via une batterie de mesures fiscales qui vont faire baisser le pouvoir d’achat des Belges qui boivent de l’alcool ou des boissons sucrées, qui fument et qui roulent en voiture diesel. Bref, des comportements à ne pas encourager et donc que l’on peut ponctionner plus facilement.
Des mesures qui seront étalées dans le temps ?
Oui, toujours en gros résumé, le gouvernement fédéral a anticipé la taxation et étalé les promesses. Les mesures visant le pouvoir d’achat ne devraient sortir leurs pleins effets qu’à la fin de la législature.
Les travailleurs indépendants et les PME n’ont pas été oubliés ?
Effectivement. Cela fait 25 ans que je m’intéresse aux classes moyennes, et cela fait 25 ans que j’entends leurs représentants dire que si l’on exempte les charges sociales sur le premier travailleur tous les indépendants ou presque engagerait un travailleur et qu’il n’y aurait donc plus de chômage. Ces organisations ont été prises au mot par le gouvernement fédéral qui propose d’exempter de charges sociales ce premier travailleur.
Que peut-on dire, penser de ces mesures ?
D’abord qu’elles ressemblent plus à une réforme fiscale que le premier tax-shift, sans que ce soit vraiment un véritable projet fiscal pour la prochaine décennie. Ensuite, qu’elles sont cohérentes avec les choix politiques de la majorité libérale. On stimule tous les leviers liés à l’activité, en partant du principe que l’emploi est la résultante de la croissance de l’activité économique. Priorité donc à la compétitivité des entreprises, mais aussi au salaire poche de ceux qui travaillent.
Ce tax-shift est-il fort libéral ?
Oui. Poussé par la NV-A et le VLD, le gouvernement fédéral a préservé les intérêts des classes moyennes, surtout flamandes, par exemple en n’accordant pas uniquement des déductions aux bas salaires, mais aussi aux classes moyennes. Tout bénéfice pour la consommation, mais ce n’est pas nécessairement là qu’elles auraient eu le plus fort effet de levier. Enfin, rien ou pas grand-chose au niveau des alternatives fiscales, peu ou pas grand-chose sur la taxation du capital, presque rien pour pénaliser les comportements néfastes sur l’environnement. Une certaine impression que les hauts revenus sont ménagés pour leur rôle joué dans la création d’activité.
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