Notre économiste Bruno Wattenbergh distille ses conseils pour RTLINFO. Ce matin, il évoque la consommation de produits locaux.
Notre économiste Bruno Wattenbergh distille ses conseils pour RTLINFO. Ce matin, il évoque la consommation des produits locaux.
Bruno, est-ce que je me donne bonne conscience, en tant que consommateur en consommant « local » ?
D’abord, il faudrait s’entendre sur ce que veut dire le qualificatif « Local ». Le qualificatif « bio », c’est clair, il y a un cahier des charges contrôlé régulièrement sur le terrain. Et le consommateur peut avoir confiance. Mais effectivement, le consommateur peut aussi se poser la question du caractère local ou non de ce qu’il achète. Et là, c’est plus compliqué, voire carrément trompeur.
Pourquoi le local pourrait-il être trompeur ?
Parce que cette appellation peut tromper la vigilance du consommateur qui va faire des amalgames. Je m’explique. Admettons que je sois un consommateur qui veut être responsable et me soucier de ma santé, de l’humain en général et de la planète. Ce n’est pas parce qu’un produit est tagué local qu’il est cultivé sans pesticide ou fongicide, sans épuiser la terre ou qu’il est bon pour ma santé. Que ma pomme ou ma poire n’a pas été stockée avec des produits chimiques pendant des mois pour rester plus longtemps dans un bel état extérieure. Ou que cela n’a pas été cueilli par des saisonniers maltraités.
Et surtout, attention à ce qu’on appelle du "local-washing" …
Je connaissais le green-washing… Que veut dire "local washing" ?
Mettre un ingrédient local secondaire, du sucre belge par exemple, dans un produit et le déclarer local, alors que tous les autres ingrédients ont parcouru des milliers de kilomètres.Pour vous donner une idée, selon GONDOLA, le magazine des professionnels de la distribution, un produit alimentaire, ingrédients et emballages compris, parcourt en moyenne entre 3.000 et 5.000 km.
Admettons … mais le local est quand même bénéfique pour la société en général ?
Bien sûr ! les bienfaits du « consommer local » sont nombreux :
- Limiter les exportations coûteuses en énergie et qui n’utilisent que peu de main d’œuvre belge ! Si le belge consomme de plus en plus local, cela va stimuler l’emploi local, cela va aussi permettre de préserver des filières historiques en fruits et légumes, mais aussi en fromagerie, en charcuterie, … etc.
- Améliorer aussi le budget de l’état, car cette activité productrice génère des taxes, des cotisations sociales … alors qu’aujourd’hui nous consommons plus d’un milliard d’€ hors de nos frontières.
Que peut-on alors conseiller ?
Ne plus consommer machinalement, de ne pas céder aux messages simplistes sources d’amalgames. Renseignez-vous, lisez, posez des questions, forcez les réponses. Les bons magasins vous répondront.
Je fréquente un petit magasin local et honnêtement je croyais que j’achetais du bio. Mais en discutant avec la patronne j’ai compris que ce n’était pas le cas. Mais elle m’a parlé en détail de ses fournisseurs, situés à quelques kilomètres, en me proposant même d’aller les rencontrer. Je continue dès lors à acheter chez elle. Côté législateur, un jour ou l’autre, il faudra sans doute fixer un nombre maximum de kilomètres pour la totalité du produit et de ses ingrédients.
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