2000 emplois vont effectivement être supprimés chez le premier opérateur télécom du pays. Kris Peeters, Ministre du travail, l'a confirmé à la sortie d'une réunion.
Les craintes des syndicats concernant de lourdes pertes d'emploi chez Proximus se confirment d'heure en heure.
Le plan de restructuration envisagé chez l'opérateur historique impliquerait 1.900 licenciements et 1.250 embauches, a indiqué mercredi midi le ministre de l'Emploi Kris Peeters (CD&V), après une rencontre avec la CEO de l'opérateur Dominique Leroy en présence du Premier ministre.
Ces chiffres ne sont "pas définitifs", a précisé M. Peeters, indiquant attendre des explications complémentaires sur ce plan dans les prochaines heures.
L'action suspendue
Mardi soir déjà, les syndicats avaient exprimé leur crainte d'un licenciement collectif après un conseil d'administration qui a approuvé le budget 2019 et un plan pour les trois années à venir. Ce matin, la cotation de l'action Proximus a été suspendue. Elle ne reprendra pas avant jeudi, a fait savoir l'opérateur télécom.
Une communication plus détaillée sera envoyée jeudi à la presse, avant l'ouverture de la Bourse de Bruxelles, à 9h00. Les syndicats auront été informés juste avant. En effet, ils sont convoqués pour une commission paritaire extraordinaire à 8h au siège de Proximus à Bruxelles.
2.000 emplois supprimés, c'est près d'une personne sur six, selon le syndicat CGSP. "Les téléphones n’arrêtent pas de sonner. Les travailleurs sont très inquiets. Des bruits de couloirs évoquent le chiffre de 2000 suppressions d’emploi. On attend que la direction nous contacte. Pour l’instant, on n’a aucune confirmation", déclarait ce matin Laurent Malengros de la CGSP à notre journaliste Nathanaël Pauly.
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L'arrivée d'un 4e opérateur sur le marché belge en cause ?
Le syndicat socialiste pense que cette possible restructuration est une conséquence de la proposition "incompréhensible" de l'ex-ministre des Télécommunications Alexander De Croo d'ouvrir le marché des télécoms à un quatrième acteur. Ce mercredi matin, le journal L'Echo rappelait que, lors de l'annonce de la possible arrivée d'un 4e opérateur, Proximus avait indiqué que celle-ci aurait "inévitablement un impact sur l’emploi". Et Agoria, la fédération de l’industrie technologique, avait ajouté qu'on pouvait craindre "la perte de 6.000 emplois" dans le secteur des télécom.
Interrogé par notre journaliste Nathanaël Pauly, un représentant de la CSC a confirmé que les syndicats s'attendaient aussi à des licenciements: "Nous avons mis le politique en garde sur les répercussions d'un 4e opérateur."
En 2008, le groupe employait 17.391 personnes. Ils sont encore 13.391 actuellement.
"Ce plan n'exclut aucune option"
Un conseil d'administration s'est déroulé mardi après-midi chez Proximus. A l'issue de celui-ci, un porte-parole de l'entreprise a indiqué que le budget 2019 et un plan à trois ans avaient été approuvés. "Ce plan n'exclut aucune option", a précisé le porte-parole de l'entreprise. L'opérateur n'a pas évoqué de pertes d'emploi, mais "il a été discuté de comment Proximus pouvait encore optimiser ses coûts afin d'améliorer son efficacité dans un environnement de marché de plus en plus difficile", toujours selon le porte-parole.
Dans le plan à trois ans, la stratégie de transition vers le numérique "jouera un rôle de premier plan". Pour être plus clair: les activités du groupe baignent dans un secteur qui évolue très rapidement, où des petites start-ups peuvent bouleverser les technologies. Il faut pouvoir avancer vite et bien. Et pour des mastodontes comme Proximus, c'est parfois compliqué. D'où cette restructuration, qui permet de réorganiser des départements, de dégager des liquidités pour investir, etc.
Au niveau particulier, une partie seulement des activités du groupe, Proximus gère 2 millions de lignes de téléphonie fixe, 3,6 millions de clients de téléphonie mobile, 1,8 millions d'abonnés à l'internet par ADSL et enfin 1,56 millions d'abonnés à la télévision numérique. En 2016 et 2017, Proximus a généré un demi milliard d'euros de bénéfices. La restructuration serait donc davantage stratégique, et permettrait de répondre aux défis que réserve l'avenir.
La CEO convoquée chez le Premier ministre
L'Etat belge est toujours actionnaire majoritaire de Proximus (53,5%). Charles Michel a été informé mardi en fin d'après-midi des intentions de la direction communiquées au Conseil d'Administration de l'opérateur de Télécoms, ajoute cette source. D'après cette dernière, M. Michel a fait savoir qu'il ne tolérait pas cette tentative de "mise devant le fait accompli", "ni sur la forme ni sur le fond". La CEO de Proximus Dominique Leroy a été convoquée mercredi matin, pour s'expliquer sur cette situation. Elle est entrée au 16 rue de la Loi vers 10h30.
Le ministre de l'Emploi Kris Peeters a également été aperçu ce matin à la rue de la Loi, juste avant la réunion avec Dominique Leroy. Il a rappelé que Proximus était une entreprise cotée en Bourse et indépendante mais qu'en tant que ministre de l'Emploi, les chiffres de 2000 emplois évoqués par les syndicats constituaient un souci. À l'issue de la réunion, le ministre a évoqué les 1900 pertes d'emploi et les 1250 embauches.
Quels types d'emplois seraient menacés ?
Les statutaires seront visés en priorité selon nos confrères du journal Le Soir. Il s'agit des collaborateurs qui ont le statut de fonctionnaire, nommés à vie. Cela représente encore plus d'un emploi sur 4 chez Proximus, soit plus de 3300 personnes, un personnel vieillissant. Le Soir nous apprend que les derniers statutaires ont été recrutés en 1994.
Moyenne d'âge: 50 ans et plus. Le plus jeune aurait 43 ans. L'objectif serait donc d'accélérer les départs à la prépension et éviter, si possible, des licenciements secs.
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