Plusieurs collègues d'Eddy Michel ont témoigné mercredi matin devant la cour d'assises de Liège et ont souligné avoir perçu son mal-être après sa séparation. Des enseignants de l'école où il était professeur d'éducation physique ont confirmé qu'il espérait toujours reconstituer sa cellule familiale et qu'il n'acceptait pas sa rupture.
Les faits reprochés à Eddy Michel (39 ans) s'étaient déroulés le 30 septembre 2017 à Sainte-Walburge (Liège). L'homme n'avait pas accepté la séparation avec sa compagne et avait tué de plusieurs coups de couteau leurs deux enfants, Timothé (4 ans) et Jules (6 ans). Selon la directrice de l'école "Le Chaineux", l'établissement d'Amay dans lequel l'accusé enseignait l'éducation physique, Eddy Michel était un homme très discret qui entretenait uniquement des relations professionnelles avec ses collègues. Il était un enseignant discret et timide, qui ne parlait pas beaucoup mais qui était bien intégré à l'école et à l'équipe enseignante.
"Au mois de juin, il avait un peu changé. Perturbé par une séparation qui avait des répercussions sur sa vie professionnelle, il avait du mal à gérer ses émotions. Nous avions fait en sorte qu'il ne se retrouve jamais seul avec un groupe d'élèves. En septembre, nous avions encore constaté qu'il n'allait pas bien du tout. La veille des faits, par contre, nous n'avions rien décelé de particulier dans son attitude", a témoigné la directrice. Un professeur de cet établissement avait perçu le mal-être d'Eddy Michel.
L'accusé était devenu plus nerveux et hargneux une semaine avant les faits
Cette dame vivait, elle aussi, une séparation difficile à la même époque. L'accusé, qui s'ouvrait difficilement aux autres et se positionnait en retrait dans la salle des profs, avait évoqué sa situation avec cette collègue. "Il avait toujours pensé avoir une famille pour la vie. Il souffrait physiquement et psychologiquement de sa séparation. Crispé, il était profondément malheureux. Lorsqu'il a appris que son ex-compagne avait débuté une autre relation, cela signifiait que son projet de reconstituer la cellule familiale échouait", a indiqué ce témoin.
Un autre professeur d'éducation physique de l'établissement a souligné qu'Eddy Michel n'avait toujours pas accepté sa rupture après les vacances scolaires. "Il était resté au même stade. Possessif, il voulait récupérer son ex-compagne et considérait qu'il n'était pas possible qu'elle le quitte. Il ne concevait pas d'avoir des enfants et que les parents soient séparés", a précisé le témoin. L'accusé était devenu plus nerveux et hargneux une semaine avant les faits, au point d'alerter ses collègues qui ont prévenu la psychologue de l'école.
"Ses propos ont été plus agressifs. Il venait de comprendre qu'il ne récupérerait pas Madeleine. Il avait révélé qu'il avait pensé mettre fin aux jours de son ex-compagne et de ses enfants avant de se suicider. Pour lui, la notion de famille n'avait plus de sens", a ajouté le témoin. Les jurés ont également pu entendre le témoignage d'une assistante sociale intervenue dans un suivi psychologique auprès de Jules, l'enfant le plus âgé du couple. C'est la mère, soucieuse des difficultés rencontrée par son enfant, qui avait sollicité cette aide après la séparation.
"Les parents se disputaient même durant la consultation. Lui faisait beaucoup de reproches et tentait de la mettre en difficulté. Elle était plus respectueuse et plus douce", a précisé l'assistante sociale. La cour a voulu procéder à l'audition d'une psychologue qui avait reçu les confidences d'Eddy Michel lorsqu'il avait annoncé qu'il allait supprimer des membres de sa famille. Cette dame n'aurait pas jugé, à l'époque, la situation suffisamment alarmante. Convoqué à l'audience, ce témoin a refusé de témoigner en public. La défense a effectué une demande d'audition à huis clos de ce témoin. La cour y répondra en début d'après-midi par un arrêt.
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