Pour la première fois depuis sa mise sous protection policière, le ministre fédéral de la Justice s'est confié à des journalistes, aujourd'hui. Victime de menaces et d'une tentative d'enlèvement avortée, Vincent Van Quickenborne nous explique ce qu'est devenu son quotidien. Il revient aussi sur la lutte qu'il faut continuer à mener, en Belgique, contre le trafic de drogue et le grand banditisme.
"Pour le moment, je me porte bien, je dors bien." Ce sont les premiers mots exprimés par le Ministre fédéral de la Justice lors de son interview, ce mardi en fin d'après-midi, à nos journalistes. Pour la première fois depuis sa mise sous protection policière, Vincent Van Quickenborne s'est confié sur son quotidien depuis un lieu tenu secret : "Je ne me suis jamais senti autant en sécurité, dit-il. Mais évidemment, nous sommes bien surveillés par les services de la police et les agents de sécurité. Ils font un travail remarquable."
Le Ministre belge avoue cependant que la situation n'est pas aussi simple à gérer pour sa famille. "En tant que ministre de la Justice, j'ai du recul. Je travaille sur ces dossiers depuis 2 ans. Mais pour ma famille, c'est difficile à saisir. Ils n'ont pas choisi cette situation, ce n'est pas évident." Vincent Van Quickenborne est papa de deux jeunes enfants de 3 et 6 ans, pour qui ce n'est pas facile à comprendre. "On leur a expliqué qu'il y a des méchants bandits qui menacent papa, mais ils ne doivent pas avoir peur, car la police le protège", explique-t-il.
Étant sous protection policière, le Ministre de la Justice assure continuer à travailler "avec beaucoup de convictions" mais "autrement". Il est, en effet, contraint de suivre ses réunions et d'effectuer ses tâches à distance. Et la situation de menace qui pèse sur celui-ci est évaluée "heure par heure". "Bien évidemment, je suis les avis qui sont donnés par les services."
La Belgique face à un narco-terrorisme
Quelle est la raison de ces menaces? Pourquoi est-il une cible pour le milieu de la drogue ? Vincent Van Quickenborne nous parle des succès engendrés par le démantèlement d'un réseau crypté utilisé par la mafia de la drogue, Sky ECC. Quelque 1.200 personnes ont ainsi pu être arrêtées. "Grâce à Sky ECC, nous avons pu exploser les réseaux de drogues au plus haut niveau, pour la première fois. Cela montre que nombre de ces barons de la drogue se cachent entre autres à Dubaï et on a conclu des traités avec ces pays pour les extrader. Nous sommes convaincus qu’il faut continuer cette lutte", dit-il.
Selon le Ministre, la Belgique fait face à un véritable narco-terrorisme, pas seulement en province d'Anvers mais sur l'ensemble du pays. D'où la nécessité de prendre d'autres mesures. Notamment la nomination d'un procureur centré sur les problèmes de drogue. "Il y aura un procureur du port à Anvers qui va diriger tout. On va mieux sécuriser encore nos ports, si nous cédons aux criminels en tant que société, nous allons nous retrouver dans les conditions sud-américaines, c'est-à-dire un état narco ou la mafia de la drogue et au-dessus des lois et dictent tout. Heureusement, ce n’est pas le cas chez nous et je suis sûr que ça n’arrivera jamais."
Jusqu'à quand Vincent Van Quickenborne va-t-il rester caché et sous protection policière ? La question n'a pour l'instant pas de réponse. Il faudra sans doute d'autre arrestations dans ce dossier, pour lequel 4 personnes ont pour l'instant été interpellées.
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