Salah Abdeslam, seul membre encore vivant des commandos djihadistes qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015, comparaît pour la première fois publiquement ce lundi à Bruxelles pour sa participation présumée à la fusillade avec des policiers à la fin de sa cavale en mars 2016, rue du Dries à Forest.
Trois policiers avaient été blessés et un djihadiste algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, tué en leur faisant face avec une kalachnikov pour couvrir la fuite d'Abdeslam et d'un complice, Sofiane Ayari, un Tunisien de 24 ans qui sera aussi jugé avec lui à Bruxelles.
Pour ce procès, tous les regards sont tournés vers Salah Abdeslam, mais qui est Sofiane Ayari, et qui est Mohamed Belkaïd? Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme, a donné quelques précisions dans l'édition spéciale RTLinfo 7H sur le procès.
Mohamed Belkaïd: "Une figure centrale dans la coordination"
"C'est assez difficile d'éclairer exactement la hiérarchie des attentats de Paris. On sait qu'Abdelhamid Abaaoud (NDLR: mort le 18 novembre 2015 dans l'opération policière de Saint-Denis) a agi un peu en tant que commandant, chef de compagnie sur le terrain. D'autre part, à Bruxelles, on avait deux personnes, dont Belkaïd, qui téléguidaient les choses, parfois très directement. Avec des échanges téléphoniques, avec entre autres les terroristes qui tournaient autour du Stade de France. Entre la nuit du mercredi 11 au jeudi 12, où les terroristes arrivent à Paris, et les attentats le vendredi 13 novembre, il y aura des dizaines de communications entre deux numéros de téléphone à Bruxelles, dont un utilisé par Belkaïd, et les téléphones à Paris", indique Claude Moniquet.
Le spécialiste rappelle que c'est aussi Mohamed Belkaïd qui va envoyer, quelques jours après le 13 novembre, de l'argent à Hasna Aït Boulahcen, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, pour procurer à ce dernier un logement à Saint-Denis. "Donc, c'est une figure centrale dans la coordination de la cellule. Il est mort, et on n'en saura pas beaucoup plus, parce qu'il y a d'autres figures", confie Claude Moniquet. "Salah Abdeslam, lui, était sans doute au même niveau qu'Abaaoud, mais en charge de la logistique."
Sofiane Ayari: "Un des terroristes qu'Abdeslam est allé chercher"
Dans le procès qui débute ce lundi, Sofiane Ayari, un Tunisien de 24 ans, est également jugé aux côtés de Salah Abdeslam pour la fusillade de la rue du Dries.
Le 15 mars, Sofiane Ayari se trouve dans la planque perquisitionnée par la police, où une fusillade éclate. Il est né à Tunis et il s'est entraîné dans les rangs de l'organisation terroriste Etat islamique en Syrie. Il arrive en Europe avec une des figures-clés du complot, mais qui a quitté Bruxelles quelques jours avant le 13 novembre. "C'est un des terroristes qu'Abdeslam est allé chercher, dans ses nombreux voyages sur la Hongrie et l'Allemagne au mois d'octobre 2015", précise Claude Moniquet.
"Mais ce qui reste très mystérieux, parce qu'il ne parle pas, ou très très peu, c'est que le 13 novembre, jour de l'attentat, il n'est pas à Paris, mais avec Osama Krayem, l'homme qui va refuser de se faire sauter au métro Maelbeek et qui est inculpé pour les attentats du 22 mars. Il se trouve à Schiphol (NDLR: aéroport d'Amsterdam), où il fait un aller-retour d'une journée. Or, dans l'ordinateur qui sera trouvé dans la planque des tueurs du 22 mars, on trouve une indication qui parle de plusieurs groupes, dont une cellule Schiphol. Donc on a toujours pensé que quelque chose était prévu, soit par une cellule hollandaise baptisée Schiphol, soit à l'aéroport de Schiphol comme cible", rappelle Claude Moniquet.
Le système de défense de Sofiane Ayari? "C'est très simple: il ne parle pas", selon Claude Moniquet.
Les hommes de la rue du Dries: "Probablement une cellule terrasse"
"Ce qu'il faut comprendre dans cette fusillade, et on le voit bien avec les armes qui sont sur place, c'est qu'on a probablement une cellule qui est prête à agir avec deux autres cellules. Celles qui vont se faire sauter plus tard le 22 mars à l'aéroport de Bruxelles et au métro de Maelbeek. Ils vont constituer probablement une cellule 'terrasses', comme à Paris", indique l'expert.
Il y aurait donc eu deux cellules "explosives", et une cellule "terrasses" pour mitrailler des gens. Une opération terroriste qui, selon Claude Moniquet, se préparait pour agir durant l'Euro 2016. "C'est ça qui explique la concentration d'armes (NDLR: à la rue du Dries) et que ces hommes vivent ensemble", conclut le spécialiste en contre-terrorisme.
Aux côtés d'Abdeslam, qui sont les 2 hommes impliqués dans la fusillade de la rue du Dries, et que préparaient-ils?
Publié le 05 février 2018 à 08h05
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