Bernard Wesphael est donc acquitté. La nouvelle a fait grand bruit hier et c’est un homme en larmes qui a pris acte de ce jugement, après trois ans de procédure. Un homme qui redoutait d’être broyé par la machine judiciaire. Avec Dominique Dumoulin et Gaëtan Zanchetta, il revient sur son état d’esprit lors du premier jour de son procès.
Bernard Wesphael s'est confié devant notre caméra. Il revient sur son sentiment le premier jour du procès mais aussi sur sa vision de l'avenir.
"J’avais peur. J’étais en peur panique. J’avais peur d’être condamné pour quelque chose que je n’avais pas fait. Quand j’ai entendu les scénarios, présentés à moi par l’accusation, par l’avocat général, je me suis dit 'Comment est-ce qu’on peut construire, comment est-ce qu’on peut inventer de telles choses ?'", raconte-t-il. "Et je vous le dis franchement, je me suis senti condamné. J’étais foudroyé, totalement foudroyé. Je me suis dit "Je ne vais pas m’en sortir, ils sont en train d’écrire une pièce dans laquelle je n’ai pas joué du tout. Comment est-ce qu’ils peuvent avoir une telle imagination ?"
Mais l'espoir est revenu à la fin de son procès. "Ce n’est que vers les derniers jours que j’ai commencé à penser qu’il était possible que la vérité éclate. Mais j’avais encore des doutes. En partant ce matin vers le tribunal, dans la voiture d’un ami, je pleurais, je pleurais."
"Je leur en veux"
La première semaine a été difficile, avec ces enquêteurs venus faire le compte-rendu de leurs investigations. Vous leur en voulez ? Lui demande notre journaliste Dominique Demoulin.
"Oui. Je leur en veux. J’ai totalement la sensation qu’ils ont monté un dossier à charge. J’ai été une proie. On s’est dit ‘Cette proie-là, on va pas la lâcher ! On va tout mettre sur elle, on va trouver des éléments à charge, uniquement à charge. Et tout ce qui est à décharge, on va laisser de côté. Je me suis retrouvé incarcéré pendant 10 mois. Sur base de rien du tout. De rien du tout, si ce n’est une mise en scène construire de A à Z."
Est-ce que l’avenir de Bernard Wesphael est un retour en politique ?
"C’est trop tôt pour le dire. Je ne vais pas passer ma vie à essayer de me venger de cette injustice. J’ai d’autres choses à faire de ma vie. M’occuper de mes enfants, être proche de mes amis, recréer un environnement, qui est déjà bien là. Et puis me reconstruire moi-même. Vous me voyez aujourdhui, vous me voyez, mais je suis un homme détruit. Après ce que j’ai vécu, après le combat que j’ai mené, après tout ce que j’ai vu comme injustices dans la justice, je n’ai pas qu’à m’occuper d’elle. Je me dois à la société. Sous quelle forme ? Ne me le demandez pas maintenant. C’est beaucoup trop tôt.
Croyez-vous que la société souhaite vous voir revenir malgré les lourds soupçons qui pèsent sur vous ?
"J’ai ma conscience pour moi, j’ai mon cœur pour moi, j’ai mon âme pour moi. Je sais ce que j’ai fait, je sais ce que je n’ai pas fait. Ce n’est pas ça qui va m’empêcher de reconstruire quelque chose d’autre."
Aujourd’hui, je suis acquitté. Pour le moment, pour le moment, je vais encore serrer mon fils et ma fille très longtemps dans mes bras. Et ça, ça n’a pas de prix.
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