Ce jeudi s'ouvre un procès pour trafic d'êtres humains et participation à une organisation criminelle devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Il y a 12 prévenus et parmi eux, la rédactrice en chef du magazine Marie-Claire. On lui reproche d'avoir accueilli un jeune Soudanais qui souhaitait rejoindre l'Angleterre. Elle a répondu aux questions de RTL INFO.
Elle n’a pas le profil d’une trafiquante d’êtres humains, pourtant, c’est pour cette raison qu’Anouk Van Gestel sera jugée ce jeudi pour avoir tenté d’aider Moha, un jeune Soudanais de 17 ans. L’enquête s’est emballée en septembre 2017: "Un coup de téléphone, une ancienne collègue, Myriam Berghe, journaliste comme moi, à qui j’ai demandé si elle connaissait quelqu'un qui pouvait nous aider à faire passer Moha en Angleterre dans des conditions de sécurité. Et elle était sur écoute".
Quelques semaines plus tard, au petit matin, 7 policiers armés débarquent chez la journaliste. Ils emportent notamment son matériel professionnel et l’entendent durant des heures. Ils la soupçonnent de faire partie d’une organisation criminelle, tout comme sa collègue. "Ca vient du ventre, cette colère-là, et ça me fait me tenir encore plus droite debout, et j’ai toujours dit que quand la cause est juste on a tous les courages. Ce courage, je l’ai, c’est d’aller jusqu'au bout et de dire, qu’est-ce que c’est que ce procès ? Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?", estime-t-elle.
"On est en train de mettre dans le même sac trafiquants d’êtres humains, passeurs, migrants, hébergeurs, citoyens solidaires… et on constate qu’il y a une criminalisation de la solidarité", explique Alexis Deswaef, avocat d’Anouk Van Gestel.
Moha était mineur à son arrivée. Il était en droit d’obtenir l’asile en Belgique, mais cela, elle ne le savait pas. Aujourd’hui, ce jeune homme scolarisé, attend ses papiers. "Dans deux ans, j’aurai fini l’école, et je commencerai à travailler comme électricien", explique-t-il, ajoutant: "Si chacun aidait une personne comme Anouk l’a fait, vous ne verriez plus de réfugiés dehors. Tout le monde irait bien et pourrait se concentrer sur son avenir".
A refaire, la journaliste ferait-elle pareil ? "Sans hésiter", répond-elle. "Je ne veux pas qu’on nous enlève notre humanité".
Instruite à Termonde, l’affaire a été renvoyée devant un tribunal francophone. Anouk Van Gestel, qui risque en théorie jusqu’à dix ans de prison, en espère un peu plus d’humanité.
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