La famille d'Ibrahima appelle au calme, condamne les débordements qui ont suivi la manifestation de mercredi après-midi devant le commissariat près de la gare de Bruxelles-Nord et souhaite aux policiers blessés un prompt rétablissement. Le message de la famille a été relayé samedi matin par ses avocats Alexis Deswaef et Guerric Goubau. Elle remercie les personnes qui se sont rassemblées pacifiquement et dignement pour lui rendre hommage et pour demander justice aux côtés de ses proches. La famille s'est constituée partie civile vendredi après-midi auprès de la juge d'instruction en charge de l'enquête.
Le commissariat a été vandalisé par des individus après la manifestation © Belga
La famille et la juge attendent les résultats de l'autopsie et des analyses toxicologiques
La famille a été réveillée dimanche vers 02h30 du matin par des policiers qui lui ont appris le décès d'Ibrahima (23 ans) d'une crise cardiaque dans le cadre d'une arrestation pour violation du couvre-feu. Elle s'est dite choquée d'apprendre par la suite que le décès avait été acté samedi à 20h22 à l'hôpital, soit préalablement au début du couvre-feu fixé à 22h00.
Dès le lundi, la famille a été confrontée à une hypothèse sur le décès, tenue d'une source anonyme et relayée par voie de presse, faisant état d'une ingestion de drogue en sa possession au moment de son interpellation, pouvant expliquer son malaise au commissariat. Ces allégations sont contredites par les premières informations de l'enquête qui lui ont été communiquées verbalement. La famille a en conséquence prié ses avocats de réagir publiquement afin de ne pas laisser salir impunément la réputation d'Ibrahima avec des fausses accusations, qu'elle imagine ne pouvoir venir que des rangs policiers.
Le parquet de Bruxelles n'a pour l'instant pas communiqué les résultats de l'autopsie et des analyses toxicologiques. D'après les informations reçues par la famille à ce stade, l'examen toxicologique n'a pas révélé de traces de drogue significatives qui pourraient être mises en lien avec le décès. De plus, l'autopsie aurait décelé une malformation cardiaque, jusqu'alors inconnue de la famille, mais qui ne pourrait pas expliquer à elle seule l'arrêt du coeur. Ses avocats remarquent qu'Ibrahima était un joueur de football de bon niveau. La cause de l'arrêt cardiaque reste à déterminer.
Les policiers affirment que le jeune homme a pris la fuite
Selon le parquet de Bruxelles, des policiers procédaient samedi, un peu avant 19h00, au contrôle d'un groupe de personnes, place du Nord à Saint-Josse-ten-Noode, en raison des mesures sanitaires. Ibrahima a pris la fuite à pied et a été interpellé par la police. Il a été emmené au commissariat où il a perdu connaissance. Des secours ont été mobilisés sur place et il a été emmené à l'hôpital, mais n'a pas pu être réanimé.
Le procureur a sollicité la désignation d'un juge d'instruction pour mener l'enquête, ce qui était aussi la demande de la famille. Le parquet a retenu la qualification d'homicide involontaire, et ce notamment, avancent ses avocats, vu le délai de sept minutes entre la perte de connaissance d'Ibrahima et la réaction d'un premier policier.
Ils demandent à y ajouter le chef d'arrestation et de détention arbitraires. "L'arrestation est basée sur un motif qui ne la justifie pas, le droit de filmer la police", soulignent-ils dans leur communiqué.
Ils relèvent qu'Ibrahima était extérieur au groupe en cause sur la place du Nord et que les policiers ont voulu le contrôler au motif qu'il filmait l'intervention.
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