En plus de l'arrestation mardi de Laurent Hericord, le directeur d'Avrox, deux autres personnes ont été arrêtées cette semaine, une en France et une au Luxembourg, en rapport avec la fourniture de 15 millions de masques buccaux à la Belgique par la société luxembourgeoise, a indiqué vendredi le parquet de Bruxelles, confirmant une information donnée par plusieurs médias. Un juge d'instruction belge avait émis 3 mandats d'arrêt à leur encontre.
Laurent Hericord, le directeur d'Avrox, a arrêté mardi et présenté mercredi au parquet général d'Aix-en-Provence. Géraldine Bouzard, substitute générale de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, a précisé au quotidien Le Soir que l'intéressé s'est vu notifier le mandat d'arrêt européen émis par un juge d'instruction belge et a été placé sous écrou extraditionnel, à savoir en détention provisoire en France dans l'attente de son éventuelle extradition vers la Belgique. La chambre de l'instruction examinera mercredi prochain le mandat d'arrêt européen. Cette arrestation a eu lieu mardi en lien avec les perquisitions organisées dans plusieurs pays, sous la coordination d'Eurojust (Unité de coopération judiciaire de l'Union européenne). Ces opérations s'inscrivent dans le cadre d'une instruction belge ayant pour objet notamment des préventions de faux et usage de faux, escroquerie, blanchiment et entrave à la liberté des enchères et soumissions.
Des conditions pas respectées
Fin avril 2020, en pleine crise sanitaire, le gouvernement Wilmès avait promis un masque en tissu pour chaque Belge. Le ministère de la Défense avait alors lancé un appel d'offres et avait finalement choisi deux entreprises: la luxembourgeoise Avrox et la gantoise Tweed&Cotton. La première s'était vu attribuer une livraison de 15 millions de masques, tandis que la seconde en fournirait 3 millions. La plupart des masques ont maintenant été distribués par les pharmacies. Le parquet de Bruxelles avait ouvert une enquête sur cet achat à Avrox en juin, après que plusieurs entreprises ont fait valoir qu'elles s'estimaient injustement exclues de l'appel d'offres. Des questions se posaient sur la société et son expérience. Une des conditions d'octroi de l'appel d'offres était d'avoir déjà fourni au moins 250.000 masques en étoffe à un autre client.
Avrox faisait état d'une commande d'un million de masques en 2020, mais restait discret sur le nom de l'acquéreur approvisionné. Het Laatste Nieuws a découvert qu'il s'agissait de la société offshore Bright Periods Consulting, basée à l'île Maurice et créée en septembre 2015. Son directeur, un Brésilien dénommé Flavio D., est proche depuis au moins six ans, selon Het Laatste Nieuws et Le Soir qui ont épluché son compte Instagram, d'un des actionnaires d'Avrox, dirigé par un héritier jordanien, un ex-patron de restaurant cannois et un ancien agent de foot.
Fin février, il a été question d'un danger pour la santé lié à l'usage des masques Avrox. Des nanoparticules d'argent et de dioxyde de titane, potentiellement nocives, ayant été détectées sur ces masques, leur usage a depuis été déconseillé, après un avis du Conseil supérieur de la Santé, jusqu'à évaluation du risque.
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