Montasser AlDe'emeh a travaillé pour la Sûreté de l'Etat belge, affirme l'intéressé dans une interview publiée ce lundi dans De Morgen. Il a reçu une invitation en ce sens après qu'il se soit rendu en 2014 en Syrie pour discuter avec un combattant flamand dans les rangs du front Al-Nosra.
"Ils étaient intéressés par mes contacts et ma documentation. Si je ne m'étais pas proposé spontanément, ils auraient dû me suivre quotidiennement et hacker mon GSM et mon ordinateur portable. Cela aurait été beaucoup plus compliqué". Le secret demeure sur ce que représentait exactement M. AlDe'emeh pour la Sûreté de l'Etat. Il a prétendu pendant un an et demi avoir de l'empathie pour les combattants du groupe terroriste Etat islamique (EI). "Mais via moi, ils étaient directement en contact avec la Sûreté de l'Etat."
M. AlDe'emeh a affirmé à la police et au juge d'instruction qu'il avait collaboré avec la Sûreté de l'Etat après son arrestation en janvier. Il était soupçonné d'avoir délivré une fausse attestation de déradicalisation. "Je n'aurais pas dû faire ça, cela a été une période difficile pour moi", confie-t-il. "Depuis lors la Sûreté de l'Etat a pris ses distances. Depuis les attentats du 22 mars, nous avons eu à nouveau des contacts, mais je ne travaille plus pour eux", assure-t-il.
Montasser AlDe'emeh a publié le livre "Pourquoi nous sommes tous des djihadistes ?" après avoir passé 15 jours en immersion en Syrie et avant d’ouvrir le centre de déradicalisation à Maines puis un second, "De weg naar", à Molenbeek. Mais en janvier de cette année, il a été inculpé de faux et usage de faux en écritures par un tribunal d’Anvers. Il aurait fourni via son centre de Molenbeek un faux certificat de déradicalisation à Jawad O., un homme suspecté d’avoir participé aux activités d'un groupe terroriste. Montasser AlDe'emeh a fermé ce centre en mai, à la fois parce qu’il réclamait un soutien politique (tout en refusant d’éventuels subsides ou programmes gouvernementaux) qui n’est jamais venu, mais aussi sous la pression d’islamistes radicaux qui l’ont, selon lui, menacé de mort.
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