L'imam verviétois Shayh Alami, menacé d'expulsion, a été interpellé par la police, hier, avec sa femme et son fils. Un fils qui avait été filmé en train de proférer des menaces de mort envers les chrétiens. Le jeune homme, qui comparaîtra devant un juge de la jeunesse, a été laissé pour l'instant en liberté. Il tient à minimiser les faits. Il s'est confié, ce matin, à nos journalistes Mathieu Langer et David Muller pour le RTLINFO 13H.
L'imam verviétois, menacé d'expulsion, a été interpellé par la police, hier, avec sa femme et son fils. Celui-ci a été filmé en train de tenir des propos haineux, et il se défend aujourd'hui. Il s'est confié à l'une de nos équipes.
Que s’est-il passé hier quand une dizaine de policiers sont arrivés ?
"Hier je n’étais pas à la maison quand les policiers sont venus. J’ai été jouer au foot avec des amis et ils m’ont interpellé à la rue des Fabriques. Ils sont venus et ils ont pris toute ma famille au bureau. Ils ont pris mes parents, ma grande sœur et mon grand frère qui sont majeurs, ils les ont pris à Bruxelles et ils sont toujours là, ils leur posent des questions. Moi on m’a pris à Heuzy, on m’a interpellé vers 17h, on m’a posé des questions, j’ai eu droit à un avocat, on est revenu ici à la maison prendre mon GSM. Ils ont mon GSM, ils vont vérifier si je parle avec des djihadistes ou toute autre chose comme preuve, ils cherchent des preuves.
Ils m’ont relâché à 2h du matin, aujourd’hui je suis libre, mais demain, la police fédérale de Liège me reprendra pour des questions et puis je serai à nouveau libre, ils vont me relâcher et la suite je n’en sais vraiment rien."
Par rapport à la vidéo, quel est votre sentiment, l’ampleur que ça a pris, avez-vous été surpris ?
"J’étais un peu surpris. J’avais carrément oublié que je l’avais faite, la vidéo, parce que ça remonte à deux mois, je crois. J’étais juste un peu surpris, mais moi je n’ai rien à me reprocher. Pendant le ramadan, il y a juste durant ce mois, tous les soirs, tous les musulmans se rendent à la mosquée et on prie ce qu’on appelle le tarawih. A la dernière prière, on fait des invocations."
Dans ces invocations, on appelait quand même au meurtre des chrétiens, vous confirmez ?
"Non c’était vraiment… je ne me suis pas… euh… je me suis mal exprimé en fait dans la vidéo, c’est tout. Je voulais parler du régime de Bachar, mais l’origine de Bachar en arabe et les chrétiens en arabe, ça se ressemble. Je me suis trompé de mot. Tout ce que j’ai dit, c’était du par cœur en fait, il y a des mots que je comprenais et d’autres que je ne comprenais pas."
Avec le recul, ça t’inspire quoi toute l’ampleur que cette histoire a prise ?
"Un peu de stress c’est tout. Moi je n’ai pas peur pour moi, j’ai juste peur pour ma famille. On m’a envoyé des messages sur Facebook, ma maison en photo, mon adresse, des menaces : ‘Si tu traverses et que je roule, je t’écraserai’, ‘Si je te vois dans la rue, je te pointerai sans hésiter’. Après ça moi pour moi je m’en fous, mais j’ai juste peur pour ma famille."
Et tu l’affirmes, tu n’es pas en contact avec des djihadistes ?
"Non. Vous voyez les jeunes qui sont partis de Verviers, c’étaient des anciennes connaissances. Je leur disais ‘Bonjour, ça va ?’, je leur parlais toujours par ‘Lol, Mdr, haha, ouais ouais’, des trucs comme ça, sinon… Je communiquais alors qu’ils étaient en Syrie, ils nous envoyaient des photos, des vidéos, c’est vraiment dégueulasse à voir. Il y avait des cadavres, des têtes sur des pics"
Ils t’ont aussi demandé de les rejoindre ?
"Oui oui, ils m’ont demandé ça beaucoup de fois, mais j’avais tellement peur pour ma famille, parce que si je les contredis, ils peuvent dire à des gens ici ‘Allez là-bas, tuez-le, parce que lui c’est un égaré, tatati, tatata.’ Quand ils me demandaient si je venais, je leur répondais : ‘Ouais, si Dieu le veut’, c’est tout. Je ne leur disais pas ‘Ouais je vais venir’. Et ils me disaient juste : ‘Que Dieu t’aide’, c’est tout."
Est-ce que tu comprends ce qu’on reproche à ton papa et pourquoi on veut l’expulser ?
"Non. Je ne comprends pas, vraiment pas, c’est des jeunes qui sont partis qui venaient à la mosquée écouter les prêches de mon père. Il y a beaucoup de musulmans qui venaient là, mais je ne comprends pas pourquoi on lui reproche, je ne sais pas ce qu’on lui reproche en fait. On lui reproche d’avoir des discours radicaux, mais pour moi ils ne le sont pas. Mon père ne rajoute rien par lui-même, il dit ce qu’il y a dans le Coran, des paroles du prophète, c’est tout ce qu’il dit."
Est-ce que tu regrettes cette vidéo ?
"Oui. Parce que si tu veux faire des invocations dans notre religion, tu le fais dans ta tête. Sinon quand tu es à la mosquée, tu le dis tout haut, mais sinon c’est vraiment dans ta tête, ce n’est pas dans les rues et tout ça. Donc ouais, je regrette."
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