La semaine dernière, le Tribunal correctionnel de Mons a entamé la première journée d’un procès impliquant pas moins de 32 prévenus. Ils sont poursuivis pour leur participation présumée dans un tentaculaire réseau international de culture de cannabis lié à la mafia albanaise. Une structure bien organisée qui brasse des millions d’euros.
L’enquête a été menée par la Police Judiciaire de Mons et des investigations ont débusqué une organisation criminelle active notamment dans la culture de cannabis, la production et l’usage de faux documents ainsi que du blanchiment d’argent. Il a également été mis en évidence que les suspects étaient actifs sur l’ensemble du territoire national mais également à l’étranger (France, Pays-Bas, Suède, Allemagne, Grèce, Albanie, Italie). D'après les recherches policières, ce groupe criminel présumé rentre dans la mouvance de la "Mafia Albanaise".
Selon des rapports d’Europol (NDLR : agence européenne de police criminelle qui facilite l'échange de renseignements entre polices nationales), cette mafia constitue, en Belgique comme dans d’autres pays, une des menaces criminelles les plus importantes et les plus actives actuellement. Son mode de fonctionnement est généralement familial et clanique, n’hésitant pas à utiliser des règles d’omerta et de vengeance. Quant à l’activité, elle est très variée : trafic de drogue, trafic d’êtres humains, prostitution, vols organisés, trafic d’armes, faux et usages de faux, blanchiment.
Concernant le dossier montois, c’est essentiellement la production de cannabis et des infractions annexes qui en découlent (faux, traite des êtres humains, blanchiment…) qui sont dans le viseur des autorités belges.
Entre la gestion quotidienne des plantations, la récolte et la vente du produit, tout est extrêmement bien organisé par ce type de groupe. Par exemple, les "cueilleuses" en provenance des Pays-Bas n’interviennent que pour la récolte puis repartent.
L’objectif de ces structures criminelles est d’amasser un maximum d’argent, des sommes considérables qui doivent ensuite être blanchies. Pour cela, les suspects utilisent des sociétés commerciales dans lesquels les chiffres sont gonflés ou passent par des investissements immobiliers à l’étranger.
Les prévenus sont défendus par de grands noms des prétoires : Jean-Philippe Mayence, Fabian Lauvaux, Dimitri De Beco ou encore Nathalie Gallant.
La difficulté dans ce type de dossier est de déterminer avec le plus de précision possible les responsabilités des uns et des autres. De plus, ces organisations se servent parfois de personnes en manque d’argent mais qui ne baignent pas dans la délinquance en temps normal comme l'explique l’avocat Dimitri De Beco: "Mon client est en aveu d'avoir participé, plus précisément d'avoir loué une habitation pour le compte de quelqu'un qui l'a payé pour ça, sachant que c'était pour y installer une plantation. La particularité est que c'est un honnête père de famille, sans antécédents, travaillant dans la même société depuis 15 ans. Comme quoi, des profils très différents peuvent comparaître devant un tribunal correctionnel, même dans un dossier qualifié de "mafieux". J'ai demandé au tribunal de lui donner une seconde chance, par le biais d'une peine de travail."
L'avocat Fabian Lauvaux défend l'un des dirigeants présumés de l’organisation criminelle. Il conteste l’utilisation du terme mafia : "Le nombre de prévenus et leur origine ne permet pas de facto de parler de système mafieux. Si certains sont en aveux, mon client, lui, conteste toute responsabilité qui plus est comme dirigeant de cette organisation présumée."
La deuxième audience de ce procès aura lieu le 20 janvier avec la suite des plaidoiries de la défense.
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