Le procès consacré à la tuerie du Musée juif a repris reprend aujourd'hui après un jour de pause. Ce vendredi, les parties civiles ont été entendues. La mère d'Alexandre, l'une des victimes, et Philippe Blondin, le président du Musée ainsi qu'une survivante ont témoigné.
Le procès de l'attentat du Musée juif est enfin entré dans le fond du dossier ce matin, avec l'audition de 3 des 4 parties civiles. Des proches des victimes de l'attaque du 24 mai 2014 sont venus témoigner. La défense de Mehdi Nemmouche a une fois de plus posé des questions pour semer le doute sur la culpabilité de leur client. Selon la défense de Mehdi Nemmouche, Alexandre Strens (l’une des victimes) aurait vécu sous une double identité. Toujours selon la défense, le père d’Alexandre aurait été fiché par la sureté de l’Etat pour activités séditieuses à l’ambassade d’Iran. Selon les informations, les faits remonteraient aux années 70 ou 80. La défense a une nouvelle fois essayé d’étayer la thèse d’exécutions ciblées. On en a la preuve à l’issue du témoignage de Philippe Blondin, président du Musée juif de Belgique. La défense a fait savoir qu’en cas d’attentats on essaie de faire un maximum de mort, "alors pourquoi s’attaquer au Musée juif, fort peu fréquenté ?", s’est interrogé maître Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche.
Nemmouche face à la douleur des proches
Mehdi Nemmouche l'écoute, l'observe parfois. Il ne réagit pas. Devant lui, une mère, qui évoque, face aux assises, le "demi-kilo de cervelle" perdu par son fils, l'une des quatre victimes qu'il est accusé d'avoir assassiné en 2014 au musée juif de Bruxelles. "Je vis comme une maman à qui on a coupé ses ailes", explique d'une petite voix Annie Adam, micro à la main, une ancienne femme de ménage de 68 ans.
Son fils, Alexandre Strens, employé du musée, est mort à 26 ans, deux semaines après l'attaque, des suites d'une balle en pleine tête. C'est la première fois, depuis l'ouverture de son procès devant les assises de Bruxelles que le jihadiste français Mehdi Nemmouche est confronté à la douleur des proches des victimes. Annie Adam raconte. Le coup de téléphone à la police pour savoir si Alexandre fait partie des victimes. La question du médecin à son arrivée à l'hôpital: "On débranche, avec un demi-kilo de cervelle qui est tombé ?" Les larmes qui coulent sur les joues de son enfant après son opération.
"Le professeur qui l'a opéré m'a dit qu'il pouvait m'entendre. Je devais me mettre du côté gauche car la balle était entrée à droite", raconte-t-elle. "Je lui ai dit: 'La petite princesse (sa nièce, ndlr) te passe le bonjour. On trouvera celui qui t'a fait ça'".
"Cruauté" du tueur
Selon son avocat, Me Christian Dalne, elle craignait par dessus tout "d'affronter le regard" de l'assassin présumé de son fils, qui lui déclenche encore "des crises d'angoisse".
Se disant innocent mais dans l'incapacité de se "défendre convenablement", les témoins qu'il souhaitait voir à la barre ayant été refusés, l'accusé, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison puis passé par la Syrie, refuse de s'exprimer. Après avoir entendu l'accusation détailler deux jours durant les preuves contre lui (ADN, empreintes, témoins, vidéos de revendication), celui qui a été arrêté six jours après les faits en possession du revolver et de la Kalachnikov utilisés pour les assassinats laisse ses avocats parler en son nom. Leur défense: il "n'est pas le tueur", mais a été "piégé". Et selon eux la tuerie du 24 mai 2014 n'est pas un attentat du groupe jihadiste Etat islamique (EI), mais "une exécution ciblée d'agents du Mossad", les services secrets israéliens. Ils affirment qu'une image du tueur issue de la vidéosurveillance du musée, prouvant selon l'accusation la présence sur les lieux de Mehdi Nemmouche, a été truquée pour le confondre. Les images vidéo de l'homme qui assassine en moins d'une minute et demie un couple de touristes israéliens, une bénévole française et Alexandre Strens seront diffusées vendredi à l'audience. "Elles montrent la cruauté de l'exécution par un tueur froid", déclare à l'AFP Me Adrien Masset, l'avocat du Musée juif, qui les a déjà visionnées.
Hezbollah
"Chacun pourra se faire une idée sur la physionomie du tueur", souligne l'avocat, balayant la thèse du complot avancée par la défense. Issu d'une fratrie de huit enfants, Alexandre Strens (né Reydouane Latrach, selon le quotidien Le Soir) avait changé son nom, comme l'ensemble de sa famille, après l'adoption de son père en 1992 par un châtelain belge, a expliqué Mme Adam vendredi. Lui dont les parents ont divorcé en 2003 n'avait pas vu depuis des années son père, qui était musulman chiite. "Une note de la Sûreté de l'Etat dans le dossier assure, après enquête, que l'attentat n'a rien à voir avec ses éventuelles activités politiques", avait déclaré Me Dalne avant l'audience pour prévenir toute nouvelle exploitation complotiste. "Devant le chagrin d'une maman on s'incline. C'est la raison pour laquelle nous n'avons posé aucune question", a commenté l'avocat de Mehdi Nemmouche, Me Sébastien Courtoy.
Le procès, au cours duquel Mehdi Nemmouche, 33 ans, est jugé avec un co-accusé, Nacer Bendrer, soupçonné de lui avoir fourni des armes, doit durer jusqu'au 1er mars.
LE DIRECT
12h40: Fin du visionnage. L’audience est suspendue jusqu’à lundi.
12h03 - Reprise de l'audience. Le visionnage des images des caméras de surveillance débute.
11h40 - L'audience est suspendue pour quelques minutes et reprendra avec le visionnage des images des caméras de surveillance.
11h30 - "Les personnes vivant dans le voisinage du Musée juif ont toutes déclaré qu'il n'y avait jamais grand monde. Si vous voulez commettre un attentat, vous n'allez pas dans un musée vide", commente Me Sébastien Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche.
11h25 - Dans le Musée, un bouton était relié à une société de sécurité du Groupe 4. Philippe Blondin (président du Musée juif) pense que Dominique Sabrier (l’une des victimes) a tenté d’appuyer sur le bouton qui n’a pas fonctionné.
11h - Comment est arrivé Alexandre (l'une des victimes) au Musée ? "Il a été envoyé par Actiris parmi d’autres candidats. Et il s'est distingué par son élégance et son intelligence. Dominique, elle, était à la caisse. Elle donnait les tickets. Alexandre se déplaçait plus au sein du Musée pour donner des renseignements", Philippe Blondin, président du Musée juif de Belgique.
10h58 – "Que faisait Dominique Sabrier (l'une des victimes) pour le Musée juif ?", demande la présidente. "Dominique était intelligente, cultivée. Elle avait demandé si elle pouvait travailler de manière bénévole les weekends, car elle avait perdu contact avec sa judéité. Elle était très liée à Alexandre", répond le président du Musée.
10h57 - Le président du Musée juif de Belgique, Philippe Blondin, répond aux questions de la présidente de la Cour d’assises de Bruxelles.
10h40 - Autre témoignage, celui d'une artiste chilienne. Elle se trouvait au Musée juif lors de l'attaque. Elle a expliqué qu’elle vivait des moments très difficiles depuis l’attentat. Des sanglots dans la voix, l’artiste chilienne explique "avoir été à quelques secondes d’une mort certaine."
10h20 - Quel souvenir voulez-vous que les jurés retiennent de votre fils ? "Le souvenir d’un garçon humain, courageux. Il travaillait pour avoir ce qu’il voulait, il aidait les autres", Annie, mère d'Alexandre (26 ans), l'une des victimes.
10h18 - La présidente interroge la maman d'Alexandre (26 ans) sur la religion de son fils: "J’ai élevé mes enfants dans l’humanisme".
10h17 - Quand elle est arrivée à l’hôpital, on lui a demandé d’emblée si elle acceptait qu’on débranche son fils, Alexandre, en lui expliquant "que des kilos de cervelles étaient tombées". Annie dit avoir été choquée par ses premières paroles.
10h15 - "Je ne regarde plus la télé et ce qu’on raconte dans les journaux. Ca me rend malade. Je suis là pour la mémoire d’Alexandre, je ne veux pas qu’on fasse un procès à mon nom.Tout ce que je veux, c’est la justice pour Alexandre et j'ai confiance en la justice", Annie, mère d'Alexandre, l'une des victimes.
10h14 - "On m’a coupé les ailes. Je parle à Alexandre tout le temps. Il était très proche de moi. Il me soutenait dans les bons et les mauvais moments. Il me téléphonait tous les jours", Annie, mère d'Alexandre, l'une des victimes.
10h13 - "Alexandre était quelqu’un de charmant. Son seul souhait était d’apprendre. Il était passionné d’histoire, de voyages, de musique. Il était bon élève. Il considérait son travail comme sa famille. Le 24 mai, il est parti et il n’est pas revenu", Annie, mère d'Alexandre, l'une des victimes.
10h - Annie Adam, la mère d’Alexandre Strens (l'une des victimes), est auditionnée par la présidente. Laurence Massart.
09h51 - Le procureur demande également que ces vidéos soient présentées aux experts psychiatriques, rappelant que Mehdi Nemmouche a refusé de se soumettre à une expertise psychiatrique. La présidente va prendre le temps d'y réfléchir.
09h45 - L’un des procureurs demande que des vidéos des auditions de Mehdi Nemmouche soient diffusées au procès Pour le procureur, il s’agit d’un matériel intéressant à montrer aux jurés. Sur ces vidéos, Mehdi Nemmouche donne, entre autres, son avis sur la communauté juive.
09h40 - Reprise de l'audience en ce vendredi 18 janvier.
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