Me Bodson, conseil de la famille Riva, a, lors de sa plaidoirie devant la cour d'assises de Bruxelles mercredi matin, plusieurs fois tourné en dérision les réactions de la défense de Mehdi Nemmouche aux éléments qui lui étaient opposés. Pour l'avocat, ce n'est que lorsque l'accusé se retrouve "coincé" que ses conseils reconnaissent du bout des lèvres leur véracité.
Mehdi Nemmouche a admis qu'il avait été en Syrie et qu'il était radicalisé "parce qu'il n'avait pas le choix", a souligné Me Bodson. Il ressort des courriers envoyés depuis la prison où il est détenu à son ami du nord de la France que l'accusé l'incitait à attirer des gens vers la religion, et de ses déclarations aux enquêteurs que Mehdi Nemmouche était parti en Syrie. "Comme toujours, ce n'est que quand il est coincé qu'il avoue", a résumé l'avocat. De même, ce n'est que lorsque les enquêteurs ont prouvé que la voiture dans laquelle Mehdi Nemmouche aurait volé des armes n'existait pas qu'il a changé de version, a-t-il relevé.
"Ce n'est que quand il est coincé qu'il avoue"
Parallèlement, Me Bodson est une nouvelle fois revenu sur les éléments incriminant l'accusé et démontant l'hypothèse d'un piège. "Personne n’avait intérêt à faire condamner un innocent. Un complot incluant les policiers, les juges d’instruction belge et français est tout simplement impossible".
L'avocat a poursuivi: "Quand il a abattu le couple Riva il n’a même pas regardé le visage des victimes, il a tiré sur les personnes qui étaient là par hasard. Ce n’est pas une exécution ciblée."
Il a aussi souligné que les vidéos de revendication découvertes sur l'ordinateur portable de Mehdi Nemmouche se trouvaient sur tous les appareils (photo, cartes mémoire...) en sa possession. "Pourquoi y a-t-il plusieurs essais, pourquoi sont-elles sur tous ces supports si c'est quelqu'un d'autre qui l'a placée sur l'ordinateur pour enfoncer Mehdi Nemmouche?", a interrogé l'avocat.
Me Bodson a souligné que le trajet pour évaluer le temps nécessaire entre le musée et l'appartement de l'accusé à Molenbeek avait été réalisé "à son avantage, par un policier de 52 ans lesté d'un poids équivalent à deux kalachnikovs". L'affirmation de la défense selon laquelle Mehdi Nemmouche ne serait pas en état de réaliser le trajet dans le temps imparti ne tient pas, selon l'avocat. "Ce 'grand malade', qui a eu trois pneumothorax, sur lequel on a trouvé du Ventolin, mais qui fait de la musculation et de la lutte selon ses proches", a pointé le conseil de la famille israélienne.
Les chaussures
Il est revenu sur les chaussures du tueur, qui ont laissé une trace sur la porte du musée et qui ont été comparées par l'expert - en raison de leur rareté - au "Saint-Graal", soit une preuve irréfutable qu'il s'agissait bien de celles que l'accusé portait aux pieds le jour de son arrestation.
Me Bodson s'est aussi insurgé de l'affirmation de la défense selon laquelle "les journalistes otages en Syrie avaient plus de place que Mehdi Nemmouche dans sa cellule de la prison de Bruges". "Selon la défense, la perpétuité au quartier de haute sécurité, c'est pire que la peine de mort. La seule peine de mort dans ce dossier, c'est vous qui l'avez prononcée", a-t-il commenté en se tournant vers l'accusé.
Le conseil a également brièvement évoqué Nacer Bendrer, accusé d'avoir fourni les armes qui ont servi à la tuerie à M. Nemmouche. Le co-accusé était "ému devant les photos, selon la juge d'instruction", a-t-il rappelé. "Mais pas ému au point d'avouer qu'il avait fourni les armes, pas au point d'avouer qu'il baigne dans le milieu des armes alors que les morts pleuvent autour de lui", a-t-il affirmé.
A l'issue de cette plaidoirie qui concluait celle de la famille Riva, Me Bodson a demandé que "justice soit faite" pour les deux filles du couple Riva, orphelines depuis la tragédie et pour lesquelles M. Nemmouche "n'a même pas eu un regard". "Mehdi Nemmouche a fait preuve d'une incroyable lâcheté, tentant de passer entre les gouttes avec son ignoble droit au silence. Il a sali la mémoire des victimes et il est temps de laver l'honneur des familles", a conclu l'avocat.
Après une brève interruption, la parole a été donnée à Me Lurquin, conseil d'une personne qui se trouvait au musée au moment des faits et qui en a été profondément choquée.
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