Le chef d'enquête, Grégory Moitroux, a fait état lundi après-midi devant la cour d'assises de Bruxelles de l'entretien qu'il a eu avec le juré récusé lundi matin. Il ressort de cette audition qu'une collègue de ce juré lui a raconté avoir vu Mehdi Nemmouche sortir d'une voiture le 24 mai 2014, jour de l'attentat au Musée juif de Belgique. Elle lui a également fait état d'une théorie de complot mêlant Didier Reynders.
Le juré a expliqué au chef d'enquête qu'il était passé à son travail vendredi, le 15 février dernier, pour annoncer qu'il ne reviendrait pas avant le 11 mars, le procès étant toujours en cours. C'est alors, selon son récit, qu'une de ses collègues l'a interpellé dans les toilettes de leur société et lui a confié qu'elle avait été témoin de l'attentat au Musée juif de Belgique.
"Elle lui a dit: 'j'étais là le 24 quand l'attentat a eu lieu. J'ai vu Mehdi Nemmouche dans une voiture avec trois personnes avant les faits. J'ai vu Mehdi Nemmouche descendre de la voiture. Il n'avait pas l'air dans son assiette'. Elle a précisé ne plus savoir où exactement mais que c'était à un arrêt de tram près de la synagogue. Selon elle, il y avait avec Mehdi Nemmouche un homme blanc. Pour elle, c'est ce type-là qui donnait les ordres. L'autre était un homme basané. Elle a ajouté que Mehdi Nemmouche portait deux sacs et qu'il suivait les époux Riva", a exposé l'enquêteur.
"Elle a ensuite expliqué qu'à la synagogue elle avait vu un gars de la sécurité et Didier Reynders. Elle est persuadée que c'est un complot et que c'est Didier Reynders qui est derrière, a-t-elle dit à monsieur le juré. Elle a également dit qu'elle allait voir un médecin pour se rafraîchir la mémoire", a-t-il précisé. Cette femme a également signalé qu'elle connaissait bien Me Vincent Lurquin, le conseil de l'une des personnes constituées partie civile au procès, le présentant comme un "ami de la famille". Elle aurait même appelé son fils "Vincent" en l'honneur de l'avocat. Le pénaliste a indiqué qu'il s'agissait d'une de ses anciennes clientes, dont il avait obtenu la régularisation à la fin des années nonante. Ce récit pour le moins surprenant a suscité des éclats de rire aux quatre coins de la salle, plongeant la cour dans une ambiance tragi-comique.
Suivez la suite du procès grâce à notre direct avec notre journaliste Benjamin Samyn et agence Belga:
17h - Pour Me Dalne, Medhi Nemmouche "devrait crier son innocence et non pas invoquer en permanence son droit au silence". Il s'exclame: "Nemmouche disait toujours DAS pour droit au silence durant ses auditions. Je propose un nouveau terme Droit au suicide judiciaire !"
16h40 - Me. Dalne indique: "Si Nemmouche s’adresse à Bendrer c’est que Nemmouche sait qu’il peut compter sur lui pour trouver des armes ! La Défense n’a pas apporté la preuve de l’innocence de Mehdi Nemmouche contrairement à ce qu’elle avait annoncé".
16h19 - "Est-ce que Medhi Nemmouche est capable de tuer? Oui" affirme Me. Dalne.
15h45 - Début des plaidoiries de Me. Dalne pour la victime Alexandre Strens: "Ce procès manque terriblement de sentiments". "On a oublié que 4 victimes innocentes sont mortes dans un attentat terroriste antisémite. Il s’agit d’une filière d’hommes qui se sont connus en Syrie. C’est le premier attentat avant Zaventem, Malbeek, le Bataclan... On risque encore de connaître des attentats du musée juif", indique-t-il. Avant d'ajouter: "Nous avons la désagréable impression que la défense de Mehdi Nemmouche a confisqué ce procès. Depuis 5 ans, pas une requête, pas une demande de devoirs complémentaires, pas de contre expertise, pas de plaintes pour faux témoignage ou faux et usage de faux de la part de la défense. On a fait le procès des témoins. On a fait le procès des procureurs. Cette défense ressemble à un bateau ivre. Mais il y a plus grave ! On a fait le procès des victimes ! Et ça je ne peux pas l’accepter. On a fait comme si il avait une responsabilité dans leurs décès".
15h26 - Le demande de devoir complémentaire est rejetée. Fin de l'incident.
15h25 - Faut-il entendre cette femme convaincue qu'un complot s'est joué? Pour la défense, il n’est pas nécessaire de faire des devoirs complémentaires car la personnalité de cette dame probablement en recherche d’attention a été cernée. Pour Me Courtoy, il n’est pas utile d’exposer cette dame aux sarcasmes. Même position pour l’avocat de Bendrer: "Si vraiment elle avait vu ce qu’elle a dit elle aurait contacté les enquêteurs".
15h - Selon ce juré, sa collègue présente sur les lieux de l'attentat aurait vu Didier Reynders à la synagogue, le jour des faits. Elle est ainsi persuadée qu'il s'agit d'un complot et que Didier Reynders est impliqué... Ces propos provoquent un éclat de rire général. Même Medhi Nemmouche est hilare.
14h50 - L'audience reprend avec l'audition du 6e juré. Vendredi 15 février, il a été informé son à son boulot que le procès allait continuer jusqu’au 11 mars. Il a alors été interpellé par une collègue. Cette personne voulait lui parler en privé et lui a dit qu’elle était présente sur place le jour de l'attentat. Elle lui a dit qu’elle avait vu Nemmouche dans une voiture avec deux hommes. Il est descendu de la voiture et n’avait pas l’air bien. C’est un homme blanc dans la voiture qui semblait donner des ordres à Nemmouche et précise que Nemmouche semblait suivre le couple Riva. Elle lui explique qu’elle a été à la synagogue parler à un agent de la sécurité.
12h40 - Après une heure et demi d'attente, l'audience a commencé avec la récusation du sixième juré. Son impartialité est mise en cause car il a "rencontré des personnes, non entendues dans ce procès, avec lesquelles il a discuté du dossier" vendredi dernier, a expliqué la présidente de la cour d'assises.La cour a suspendu l'audience pour que ce sixième juré soit entendu par le chef d'enquête Grégory Moitroux. D'après Me Vanderbeck, le procès pouvait pourtant se poursuivre après la décision de récusation.
Les avocats de la partie civile devaient avoir la parole en premier lieu. Ils ont demandé quatre jours pour exposer leurs arguments. Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer sont accusés devant la cour d'assises de Bruxelles d'être auteur et co-auteur de l'attentat commis au Musée juif de Belgique le 24 mai 2014, qui avait coûté la vie à quatre personnes. "Mehdi Nemmouche reste toujours silencieux. Une attitude quasi inédite pour un homme acculé. Un homme que personne à art ses avocats n'est venu défendre. Pas de compagne ou de compagnons, pas d'amis pour venir parler de lui en bien. Même sa grand-mère qu'il appelle 'maman' n'est pas venue à son procès", précise ce matin Antoine Schuurwegen, notre journaliste, sur les ondes de Bel RTL. Les conseils de la famille d'Alexandre Strens se lèveront les premiers pour présenter leur vision du dossier aux jurés, lundi matin. Suivront ensuite les plaidoiries des avocats de la famille de Dominique Sabrier, annoncées pour une durée de six heures. Ceux-ci termineront donc leur exposé mardi matin.
Plaidoiries en série
La suite de la journée de mardi sera réservée aux plaidoiries des avocats de la famille Riva pour trois heures environ, puis à celles des conseils de Clara Billeke Villalobos, une dame qui se trouvait dans le musée juif de Belgique le jour de l'attentat, pour une 1h30. Mercredi, ce sont les avocats du musée qui plaideront pendant 1h30, puis ceux du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) pour trois heures. La journée se terminera avec les plaidoiries de l'Association Française des Victimes du Terrorisme (AFVT) annoncées pour 1h30. Enfin, les avocats du centre pour l'égalité des chances et la lutte contre la discrimination (Unia) plaideront durant trois heures jeudi matin dès 10h30. Il n'y aura ensuite pas d'audience vendredi, afin de permettre au parquet fédéral de requérir durant deux jours d'affilée, lundi et mardi.
L'attentat avait coûté la vie à 4 personnes
Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, deux Français âgés de 33 et 30 ans, sont actuellement jugés devant la cour d'assises de Bruxelles, accusés d'être auteur et co-auteur de l'attaque terroriste commise le 24 mai 2014 au Musée juif de Belgique, situé rue des Minimes à Bruxelles. L'attentat avait coûté la vie à quatre personnes: Emanuel et Miriam Riva, un couple de touristes israéliens, Dominique Sabrier et Alexandre Strens, deux membres du personnel du musée. Mehdi Nemmouche avait été arrêté six jours après les faits, le 30 mai 2014, à la gare routière de Marseille. Il était en possession de munitions et d'armes, une kalachnikov et un revolver, qui ont servi lors de l'attaque au Musée juif.
Il nie être le tireur
Selon l'enquête, il est celui qui a fait feu sur les quatre victimes à l'intérieur du musée, l'homme visible sur les images de caméras de vidéo-surveillance dans et autour du musée lors de l'attaque, et qui avaient fait l'objet d'un avis de recherche largement diffusé. Mehdi Nemmouche ne conteste pas avoir possédé les armes du crime, mais il nie être le tireur. Quant à Nacer Bendrer, arrêté le 9 décembre 2014 à Marseille, il est soupçonné d'avoir fourni les armes à Mehdi Nemmouche.
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