Oswald D. était la personne tant attendue lors de l'audience de mercredi consacrée à l'audition des témoins de moralité de Véronique Pirotton. C'est la première fois que l'ancien amant de la victime se retrouvait devant Bernard Wesphael, un homme qu'il a traîné dans la boue sans vraiment le connaître puisque les deux hommes ne s'étaient jamais croisés.
Oswald était aussi attendu par Me Mayence, le conseil de l’accusé, qui ne l'a pas épargné avant de jeter le gant, fatigué par tant de cinéma. Oswald a d’abord été poussé dans les cordes par le président de la cour d’assises. Ensuite, il a été interrogé par Me Jean-Philippe Mayence, avocat de la défense.
L'avocat est allé en force en demandant au témoin s'il pratiquait des relations sexuelles sadomasochistes avec la victime, comme il l'avait indiqué dans certaines lettres, ou alors si cela relevait seulement du fantasme. "Cela n'a jamais été le cas", a répondu le témoin. Le 31 octobre 2013, Oswald a contacté sa maîtresse à deux reprises dans la chambre 602 de l'hôtel Mondo. Le témoin s'est montré très confus en déclarant que Véronique lui avait répondu la première fois "Victor, Victor" avant de perdre le contact. "J'ai rappelé une seconde fois et c'est Bernard Wesphael qui a répondu, j'ai raccroché quelques secondes plus tard", dit-il.
Le témoin ne se souvient plus de tout
A-t-il dit "c'est ton grand méchant loup" lors du premier appel? Là aussi, le témoin reste confus. "J'ai peut-être dit ça mais je ne l'aurais pas dit à M. Wesphael. Je ne me souviens pas d'avoir eu Bernard Wesphael en ligne et qu'il m'ait passé Véronique". "Comment Bernard Wesphael aurait-il pu entendre cette phrase ?", demande l'avocat qui, une fois de plus, est monté dans les tours. Ce dernier se demande pourquoi le témoin a appelé une seconde fois la chambre 602. Il ne se souvient plus d'avoir eu Bernard Wesphael en ligne. Le témoin a laissé sous-entendre qu'il n'avait pas donné tant de coups de fil à sa maîtresse, les 30 et 31 octobre 2013. Or, il a donné de nombreux coups de fils dont une longue conversation qu'il a enregistrée en partie. "Je ne sais pas", répond le témoin qui avait confié aux policiers qu'il avait peur de l'accusé. "Et aujourd'hui, il déclare qu'il ne sait pas, c'est autre chose", remarque Me Mayence.
Oswald a écrit à Véronique après sa mort
Le lendemain de sa seule audition par la police, le 4 novembre 2013, le témoin a écrit une longue lettre pour accuser Bernard Wesphael, ajoutant qu'il avait prémédité son geste. L'avocat s'est aussi penché sur les perquisitions menées dans le domicile du témoin et lui a demandé qui était APL, lequel lui avait dit de ne pas s'inquiéter. La même question avait été posée plus tôt par le président mais le témoin n'avait pas su répondre. A l'avocat, il répondra: "c'est un avocat!"
Enfin, la défense trouve étrange la rédaction de lettres à la victime après sa mort. Ainsi, il écrit le 5 novembre, "je suis allé chez ta soeur pour aller rechercher les lettres que je t'ai écrites..." Interrogé par Me Mayence, Oswald répond que c'est la soeur de Véronique qui les a rapportées. "Nadine m'a dit qu'elle avait été dans le bureau de Véronique à l'hôpital. En reprenant ses affaires, elle a retrouvé des lettres entreposées dans le bureau et me les a données". Et puis il se ravise, "ah oui, vous avez raison, je suis allé chercher les lettres chez Nadine". Face à ce cinéma qui ne l'a pas fait rire, Me Mayence a jeté le gant.
Que pensent les parties civiles ?
Du côté des parties civiles, Me Philippe Moureau a demandé au jury de retenir que seul Bernard Wesphael était à Ostende au moment de la mort de Véronique Pirotton. "Je suis consterné de voir que les deux derniers hommes qui prétendent avoir aimé Véronique Pirotton aient une attitude si contrôlée et si peu d'émotion. Je crois qu'elle n'aurait pas voulu voir ça", souffle l'avocat liégeois. Me Mayence, qui n'a pas apprécié la comparaison faite par l'avocat des parties civiles, a rappelé que son client restait présumé innocent. Le cousin de la victime a déclaré à son tour qu'il avait assisté à un mauvais film "avec deux manipulateurs qui se jettent la balle". Choqué, Bernard Sohet s'attendait à la réaction d'Oswald mais il regrette que l'on ait eu l'impression que c'est l'amant qui était l'accusé et non pas Bernard Wesphael.
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