Accablant non pas pour les services de police belge, mais plutôt pour nos dirigeants. En effet, c'est par manque de moyens humains, donc financiers, que la section antiterroriste de la police fédérale a laissé les frères, pourtant signalés comme tentant de se rendre en Syrie, sans surveillance. Leur dossier était à l'époque, début 2015, considéré comme moins urgent que d'autres.
Le dossier de surveillance des frères Abdeslam a été classé sans suite en avril 2015 en raison du manque d'effectifs, ressort-il du second rapport intermédiaire du Comité P relatif à l'enquête sur les attentats de Paris, dont Le Soir révèle ce mardi les grandes lignes.
Leur dossier était classé urgent, mais il a été classé tout court...
Selon ce rapport, plusieurs manquements ont permis à Salah et Brahim Abdeslam d'échapper à la surveillance dont ils auraient dû faire l'objet. Auditionnés par la police début 2015 car soupçonnés de vouloir se rendre en Syrie, les deux frères sont repartis libres sans être inculpés. Pourtant, le parquet avait demandé à l'unité antiterroriste de la police fédérale d'enquêter sur leur téléphonie et de vérifier leurs mails. Mais leur dossier, considéré comme urgent, est classé "rouge", comme tous les dossiers urgents pour lesquels cette section antiterroriste ne disposait pas de moyens suffisants pour accomplir leur mission. Ils ont bien tenté d'obtenir l'aide d'autres unités de la police fédérale, mais toutes étaient en sous-effectif. Le dossier a donc finalement été classé sans suite le 21 avril 2015.
Les politiciens, de gauche comme de droite, recalent ce rapport
La commission parlementaire de suivi des organes de contrôle des services de police et du renseignement a décidé mardi à l'unanimité, majorité et opposition, de permettre aux services de police incriminés de pouvoir répondre point par point. Ce n'est qu'en possession de leurs répliques que les députés analyseront, la semaine prochaine, le rapport sur le fond. La brigade antiterroriste s'insurgeait contre un rapport "exclusivement à charge". "Il y a une impression générale d'instruction à charge et sans contextualisation. J'ai réclamé que les services de police puissent répliquer point par point", a indiqué la cheffe de groupe PS Laurette Onkelinx. "Nous avons réagi collégialement face au sentiment d'une enquête du comité P menée excessivement à charge", a confirmé son homologue MR Denis Ducarme soulignant l'unanimité de la démarche rassemblant majorité et opposition.
Vos commentaires