A la Chambre, la commission chargée de faire la lumière sur les attentats du 22 mars poursuit ses travaux. Depuis ce mercredi après-midi, un autre représentant de la Grande Mosquée du Cinquantaine est entendu. Le premier n'avait pas convaincu les députés. Une audition tendue...
L'audition du directeur du Centre Islamique et Culturel de Belgique (CICB), Jamal Saleh Momenah, devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats terroristes s'est déroulée ce mercredi dans un climat tendu, révélant un fossé béant entre la Grande Mosquée du Cinquantenaire, qui relève du Centre, et les parlementaires.
Des réponses toujours vagues
Ce lieu emblématique de l'islam en Belgique est pointé du doigt régulièrement pour son rôle de propagation d'un islam wahhabite, courant ultra-rigoriste dominant en Arabie saoudite, et son financement par le royaume saoudien. Cette audition était la deuxième du genre, après celle de l'imam adjoint de la mosquée, Galaye N'Diaye.
Elle n'a pas donné plus de satisfaction aux commissaires que la précédente, bien au contraire. M. Momenah a répété que le CICB prêchait un islam modéré, dit du juste milieu, alors que des témoins entendus par la commission affirment le contraire. Il n'a pas connaissance de personnes passées par la Grande Mosquée qui seraient parties en Syrie, a-t-il précisé, à l'instar de son collègue, même si dans certains dossiers judiciaires ce passage apparaît.
"Je suis profondément déçue"
Malgré les affirmations de principe, les réponses sont restées vagues, suscitant plusieurs rappels à l'ordre du président Patrick Dewael et l'irritation de plusieurs députés. "Je suis profondément déçue. Des attentats ont été commis ici et ailleurs en Europe. Vous savez que l'islam ici est sous pression, vous savez que les musulmans sont sous pression", s'est exclamée la députée Meryame Kitir (sp.a). Le MR et la N-VA se sont montrés particulièrement durs. "Votre centre est un vecteur du développement du radicalisme en Belgique", a affirmé Denis Ducarme (MR).
Le directeur a au contraire soutenu le rejet de l'extrémisme et du terrorisme mis en avant par son centre, dans les prêches du vendredi ou à travers des ateliers ou des conférences. La nécessité pour les musulmans de respecter la Constitution et les lois des pays où ils se trouvent figure même au coeur de la "nouvelle vision" de la Ligue Islamique Mondiale, bailleuse de fonds du CICB, pour combattre le terrorisme, a-t-il expliqué. "Depuis toujours, nous exhortons les jeunes, les gens qui viennent dans notre centre le vendredi à respecter la Constitution et les lois".
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