Comme chaque année, les partis politiques et les syndicats ont déballé leurs outils de communication pour pleinement profiter des festivités du 1er mai et diffuser leurs discours, coups de gueule et petites phrases. Petit tour des déclarations de ce 1er mai, qui est avant tout, rappelons-le, la fête des travailleurs.
FGTB: "Quelques gamins de merde banquiers ont déconné"
Côté syndical, Thierry Bodson, le secrétaire général de la FGTB, annonce ce dimanche à Namur que la manifestation nationale en front commun prévue le 24 mai donnera le coup d'envoi "d'un immense plan d'actions contre ce gouvernement de menteurs et de larbins qui exécute ce que les patrons commandent" avec notamment une journée de grève nationale en juin.
"Nous avons une analyse critique de la situation mais aussi des propositions claires qui permettraient de sortir des mesures d'austérité", a par ailleurs rappelé le patron de la FGTB wallonne. Le syndicat socialiste plaide ainsi pour une "vraie réforme fiscale" qui conduirait à imposer les revenus autres que ceux du travail au même niveau que les revenus issus du travail. La FGTB appelle également à un réétalement du remboursement de la dette de la Belgique. "Entre le milieu des années 80 et 2007, la dette publique est passée de 135 à 90% du PIB, ce qui a impliqué de nombreux efforts. Ce n'est pas parce que quelques gamins de merde banquiers ont déconné et ont conduit à la crise de 2008 qu'il faut exiger que les travailleurs repassent une deuxième fois à la caisse", a estimé Thierry Bodson.
PS: ce gouvernement "obéit aux grands patrons"
Par la voix de son président Elio Di Rupo, les socialistes s'engagent notamment sur la voie de la réduction du temps de travail et promeuvent la participation citoyenne à la définition du socle des valeurs appelé à guider la société de demain. Ils prônent l'individualisation des droits sociaux et le retour de la pension légale à 65 ans, la liberté étant offerte à ceux qui le désirent de prendre leur pension plus tard. Ils défendent également une meilleure prise en compte du phénomène de burn-out.
Elio Di Rupo accuse le "gouvernement MR/N-VA" de vouloir réduire "sans vergogne les droits des travailleurs" en restaurant la semaine des 45 heures. Ce gouvernement "obéit aux grands patrons", a-t-il ajouté en disant son indignation aux propos de la FEB qui a appelé à alléger la protection des délégués syndicaux. Le président du PS a opposé le combat collectif des syndicats à l'action des 18 plus grandes multinationales du pays qui ont payé en 2015 un montant de 190 millions d'euros d'impôts sur un bénéfice de 6,25 milliards d'euros, soit un taux moyen de 3%.
MR: "Notre droit du travail sera modernisé, adapté au 21e siècle"
À l'occasion de la fête du 1er mai organisée à Jodoigne, les libéraux ont maintenu dimanche le cap des réformes engagées par le gouvernement fédéral, en particulier celles annoncées dans le droit du travail qui ont provoqué le courroux syndical. "Notre droit du travail sera modernisé, adapté au 21e siècle", a lancé le président du MR, Olivier Chastel. A l'occasion de son contrôle budgétaire, le gouvernement a annoncé diverses mesures dont l'annualisation du temps de travail, l'assouplissement du régime des heures supplémentaires ou la possibilité d'un don de jours de congé. "Ces mesures bénéficieront directement au travailleur", a assuré M. Chastel en mettant en avant la nécessité dans la société contemporaine de permettre aux travailleurs de travailler plus à certains moments et moins à d'autres, sans toucher à la moyenne de 38 heures par semaine.
A côté des réformes socio-économiques, la lutte contre le terrorisme et le radicalisme était au coeur des discours des libéraux francophones et de leurs collègues flamands, traditionnels invités de cette manifestation. Chaleureusement applaudi, le Premier ministre Charles Michel a affirmé sa détermination dans ce combat. Il a aussi insisté sur la neutralité de l'Etat: "Dans une démocratie, la loi de l'homme prime toujours sur la loi de Dieu", a-t-il souligné.
Pas de fête pour Ecolo, qui préfère "se retrouver solidairement parmi les travailleurs"
Estimant que "pour une personne en âge de travailler sur deux, il y a peu de raison de faire la fête en ce premier mai", les écologistes n'ont pas souhaité tenir d'événement politique, "mais plutôt se retrouver solidairement parmi les travailleurs et les citoyens", annoncent-ils par communiqué.
"Nos gouvernements successifs, qu'ils se réclament de droite ou de gauche, ont largement détricoté ces dix dernières années les conditions salariales et les droits sociaux en Belgique", déplorent Zakia Khattabi et Patrick Dupriez, coprésidents d'ECOLO, qui poursuivent: "Derrière les discours musclés du PS et du MR se cache une réalité implacable : le nombre de chômeurs, même réduit des 30.000 exclus pour la seule année 2015, s'élève encore à près de 9 %; 30 % des travailleurs sont en temps partiel forcé et l'absentéisme pour maladie touche 7 % des travailleurs. Aucune société ne peut durablement tolérer un tel niveau de souffrance sociale".
Le cdH récolte les propositions de ses membres
Les humanistes avaient quant à eux mené un marathon sur plusieurs mois pour récolter les idées venues des membres du cdH. La récolte s'est terminée ce samedi 30 avril au Country Hall de Liège, où 33 propositions de synthèse ont été présentées par les Parlementaires humanistes "afin d’inventer de nouvelles manière de construire demain et avancer ensemble sur la voie du développement humain".
Dans son discours de ce samedi soir, le président du cdH Benoît Lutgen dénonce notamment la façon dont le gouvernement de Charles Michel s'est comporté après les attentats de Bruxelles du 22 mars. "La division est le dénominateur commun de ce gouvernement fédéral. La division jusqu'à l'obsession. Creuser toujours plus profond le fossé entre les Belges, entre les communautés de notre pays, entre les personnes. Vous entendez les nationalistes, écoutez-les : ils hurlent, cette semaine encore, que les institutions ne fonctionnent plus dans notre pays. Ils sont gonflés! On déplume l'Etat pour mieux regretter ses dysfonctionnements. En fait, ils organisent jour après jour le divorce. Moins de Justice, moins de police et moins de solidarité", a lancé Benoît Lutgen.
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