Après le vote sur le pacte sur les migrations de l'ONU à la Chambre, les débats tourneront sur le texte lui-même, sur sa note explicative et sur la légitimité de Charles Michel à représenter la Belgique à Marrakech, mais surtout le 20 décembre à New York. Malgré tout, selon les politologues et les dernières déclarations des responsables de la N-VA, le parti ne devrait pas faire tomber le gouvernement Michel sur ce dossier, il pourrait même y trouver des avantages...
Peter De Roover, chef de groupe N-VA à la Chambre, était interrogé par nos confrères de VTM avant le vote de la résolution sur le pacte sur les migrations de l'ONU. Le vote sera le premier point à l'ordre du jour. Cet après-midi, l'ensemble des députés se prononceront et devraient suivre le même chemin qu'hier en commission : MR, CD&V, Open VLD, Ecolo, Groen, sp.a et cdH devraient voter pour. Le PS devrait s'abstenir et la N-VA et le Vlaams Belang devraient voter contre.
Les parlementaires seront invités à se prononcer directement après les discussions, avant les questions d'actualité. Le Premier ministre Charles Michel sera présent. Peter De Roover explique ce qu'il lui demandera : "Je vais demander au Premier ministre d'être clair sur ce qu'il compte faire à Marrakech. Il n'y a pas de consensus au sein du gouvernement donc je ne peux pas m'associer à Marrakech." Dans le cas où la N-VA n'obtiendrait pas de réponse claire du Premier ministre, "alors nos ministres demain au sein du Conseil des ministres demanderont des clarifications sur papier", a-t-il expliqué.
Charles Michel ne pourra pas aller à Marrakech parler au nom du gouvernement belge
Faut-il s'attendre dès lors à une crise demain dans ce Conseil des ministres ? Pour Peter De Roover, cela semble prématuré car à Marrakech, "le Premier ministre ne peut pas se présenter en dehors de l'accord du gouvernement avec ses 4 partenaires. Il parlera au nom de son gouvernement donc aussi au nom des ministres N-VA". Voilà pourquoi normalement, Charles Michel ira à Marrakech uniquement pour présenter la position du parlement belge, et non celle du gouvernement. Mais si Charles Michel fait cela, "alors nos ministres N-VA demain devront se jeter dans la bataille", s'est contenté de répondre Peter De Roover. Le problème restera entier jusqu'au 20 décembre, jour du vote de ce pacte à New York.
Pourquoi la N-VA ne devrait quand même pas faire chuter le gouvernement
Rien n'est sûr à ce stade quant à l'attitude finale qu'adoptera la N-VA, mais il semblerait que quitter le gouvernement ne soit pas à l'ordre du jour même si Charles Michel va jusqu'au bout, comme en témoignent les dernières déclarations de ses représentants. Le 3 décembre, son président Bart De Wever expliquait que "le gouvernement ne doit pas tomber sur ce dossier, mais nous ne sommes pas d'accord avec ce pacte. Et si le gouvernement va à Marrakech, c'est un gouvernement que nous ne soutiendrons pas". Peter De Roover lui-même répondait hier à la question de savoir si la N-VA allait quitter le gouvernement : "Non, j'ai dit qu'on ne soutenait pas le pacte".
Pour Jean-Benoit Pilet, politologue à l’ULB interrogé par Pauline Laurent sur Radio Contact, la N-VA pourrait très bien rester au gouvernement malgré cette crise car elle y trouverait même des opportunités, tant politiques qu'électorales. "La N-VA qui resterait au gouvernement serait motivée de 2 manières. D'abord: ouvrir une procédure de révision de la constitution qui permettrait de mettre en oeuvre des éléments de réforme de l'Etat. L'autre, c'est de se dire qu'on ne veut pas apparaître comme le parti irresponsable qui a mis ce gouvernement par terre alors qu'il reste beaucoup de dossiers socio-économiques à mener alors que notre argument principal a été "on est efficaces, on crée de la croissance, on crée de l'emploi" et puis là, alors qu'on voit bien qu'il y a plein de dossiers qui ne sont pas finalisés, on décide de partir sur la question migratoire".
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