Christophe Lacroix, ministre wallon du Budget (PS), était l’invité de Martin Buxant ce matin sur Bel RTL. L’occasion de revenir sur la position de son parti concernant le décumul des fonctions, ainsi que sur la place d’Elio Di Ripo à la tête du PS.
MARTIN BUXANT : Votre collègue Maxime Prévot a employé des mots très durs. Il dit, je cite, que "les socialistes ont perdu leur conscience sociale dans la course au fric". Cela vous fait mal lorsque vous entendez ça ?
CHRISTOPHE LACROIX : "Ça me fait mal parce que je pense que les invectives ne servent à rien. En tant que socialiste, je peux vous dire que je souffre très fort de la situation. Il y a eu des dérives inacceptables, scandaleuses, qui font mal à mon socialisme. C’est tout à fait contraire à mon combat. Je suis affilié au parti socialiste depuis 1989, j’ai été affilié très jeune, à la victoire de François Mitterand. Je viens d’un milieu ouvrier, je sais ce que c’est de gagner de l’argent et de ne pas en avoir beaucoup. Profiter de son mandat pour s’enrichir, je trouve cela abject."
Une question qui n’est toujours pas tranchée au parti socialiste, c’est celle du décumul. Etes-vous plutôt pour le décumul intégral des mandats ou le décumul des rémunérations ?
"Je suis plus favorable au décumul intégral parce que ça correspond à l’ADN du parti socialiste qui est de dire qu’on est toujours un pas plus loin que les autres. Nous avons été dans de nombreux dossiers, tels que la réduction du temps de travail, les congés payés, les dossiers éthiques comme l’euthanasie, l’avortement, le mariage pour tous, la peine de mort… Nous avons toujours anticipé les choses. Et je trouve que c’est un bon signal pour le décumul intégral."
Vous êtes donc plutôt du côté de Paul Magnette que de celui d’Elio Di Rupo ?
"Elio Di Rupo a fait la synthèse des différents courants, il n’était pas contre le décumul intégral…"
A Charleroi, on est pour le décumul intégral. A Mons, on ne l’est pas…
"Je pense que la fédération de Mons a donné un signal qui était de favoriser un décumul financier et de mettre une limite de cumul pour les communes de plus de 25.000 habitants."
Etes-vous toujours persuadé qu’Elio Di Rupo est la bonne personne pour régénérer le parti socialiste ?
"Elio Di Rupo est en place jusqu’en 2019. Il va assurer la tenue du congrès de rentrée le 24 septembre consacré à la rénovation idéologique du parti socialiste. Incontestablement, il a toujours les clés de la voiture et les passagers lui font confiance."
Un copilote ne doit-il pas prendre les clés de la voiture ?
"On a toujours besoin dans un rallye d’avoir un copilote à ses côtés et c’est souvent lui qui donne la route."
Faut-il éventuellement nouer des alliances avec l’extrême gauche, le PTB ?
"Je n’en sais rien. A la lecture des sondages, on peut s’apercevoir qu’il y aurait une possibilité d’avoir une majorité de gauche en Wallonie. Quelque part, je m’en réjouis, mais cela voudrait dire aussi que le PTB devra prendre ses responsabilités, ne pas se contenter d’être au balcon et donc de participer au pouvoir. Ce n’est qu’en participant au pouvoir qu’on change durablement les choses. L’heure des responsabilités pour le PTB risque de sonner bien vite."
Vos commentaires