Entamé mardi matin, le conclave budgétaire wallon a accouché, 2 jours plus tard, d'une trajectoire prévoyant un budget régional en déficit de 435 millions d'euros en 2020. "Il s'agit d'un budget de transition respectant nos engagements, dont ceux d'un retour à l'équilibre en 2024 sans aucune nouvelle taxation et d'un redéploiement en phase avec les défis sociaux, climatiques et économiques que la Région doit affronter", a souligné jeudi le ministre-président wallon, Elio Di Rupo (PS).
"Ce budget 2020 ne contient qu'une ébauche de nos priorités. Un nouveau conclave, plus approfondi, est prévu en mars afin d'optimiser les moyens financiers dont nous disposons, sans la pression du temps", a-t-il ajouté. "Le déficit que nous présentons est important mais c'est un déficit budgétaire", a de son côté commenté le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR). "La stagnation de l'économie, la pauvreté, les changements climatiques, ... Voilà les vrais déficits auxquels nous devons nous attaquer. Et c'est aujourd'hui qu'il faut investir", a-t-il poursuivi.
Fort de cette conviction, le gouvernement wallon entend demander à l'Union européenne d'activer la clause de flexibilité lui permettant de "déparamétrer" une série d'investissements en matière de climat et de nouvelles technologies pour un montant de quelque 350 millions d'euros. "Le budget n'est pas une finalité en soi. Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est une première étape. Nous ferons le maximum, dans l'adversité, pour améliorer la qualité de vie des citoyens", a conclu M. Di Rupo.
Un budget régional "sans choix, sans courage et sans ambition", dénonce le cdH
Le gouvernement wallon a présenté, jeudi matin, un budget "flou, sans choix, sans courage et finalement sans ambition", a dénoncé le chef de groupe cdH au Parlement de Wallonie, François Desquesnes. "La majorité n'a pas eu le courage de trancher. On se retrouve donc avec du saupoudrage et des mesurettes, très loin du catalogue de promesses de la déclaration de politique régionale", a-t-il ajouté.
Particulièrement dans le collimateur des humanistes, le financement des TEC "dont le budget n'augmente que de 0,7% alors que 30 millions seraient nécessaires rien que pour mettre en place la gratuité annoncée" ainsi que le peu de moyens alloués au secteur de l'aide à domicile. "Son sous-financement est actuellement évalué à 80 millions d'euros. Le gouvernement n'en met que 5 sur la table alors que le projet d'assurance autonomie que nous portions - et qui est passé à la trappe à la fin de la législature passée faute de consensus sur le sujet, ndlr - aurait permis un refinancement à hauteur de 60 millions d'euros", moyennant une cotisation des citoyens, a poursuivi François Desquesnes.
"L'absence de courage du gouvernement a conduit à une absence de choix et ses ambitions ont fondu comme neige au soleil", a-t-il encore regretté en pointant également les montants importants que la Région va devoir emprunter. Selon le cdH, la Wallonie devra en effet emprunter 1,7 milliard en 2020. "Or, pour emprunter, il faut une bonne notation des agences de notation internationales. Mais nous craignons que la note de la Wallonie ne se dégrade, ce qui fera augmenter les charges de crédits", a encore expliqué le chef de file humaniste. Par ailleurs, "par rapport au cadre budgétaire européen, on est dans le dérapage complet", a-t-il renchéri. "Ce budget n'est pas un bon signal si l'on veut construire une Belgique fédérale solide", a enfin résumé M. Desquesnes.
Pour le PTB, le budget wallon n'est qu'un "écran de fumée" cachant les arbitrages à venir
"Le gouvernement wallon avait été extrêmement flou sur ses prévisions budgétaires. Force est de constater, à l'issue du conclave, que ce flou demeure", a estimé jeudi après-midi le député PTB Germain Mugemangango.
"Comment le gouvernement va-t-il financer ses mesures? Où va-t-il aller chercher l'argent? A nouveau dans la poche des gens?", s'est interrogé M. Mugemangango, sans accorder de crédit à la volonté affichée par la majorité de "déparamétrer" une série d'investissements, sous réserve de l'accord de la Commission européenne. "Cette piste n'est qu'un écran de fumée destiné à cacher les véritables arbitrages budgétaires qui vont devoir se faire", a affirmé le député d'extrême gauche en regrettant par ailleurs le manque d'ambition de la majorité, en matière environnementale notamment. "Le gouvernement parle de dégager 350 millions d'euros pour le climat. Or, on sait qu'il faudrait 10 milliards d'euros par an pour l'ensemble du pays", a-t-il ajouté. Par ailleurs, "les seules sources de financement citées sont celles issues des partenariats privés-publics qui ne sont pas des outils économiquement viables", a poursuivi Germain Mugemangango. "Les arbitrages financiers n'ont pas été mis sur la table. Nous attendons désormais les débats budgétaires au parlement pour y voir plus clair", a-t-il conclu.
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