Une trentaine de coursiers de Deliveroo manifestent lundi soir à Ixelles après le refus de la direction, plus tôt dans la journée, de leur laisser le choix entre le statut Smart, qui leur donne accès à une protection sociale pendant les heures prestées, et celui d'indépendants. Les coursiers, rassemblés au carrefour de la rue du Bailli et de l'avenue Louise, doivent faire le tour, à vélo, d'une dizaine de restaurants qui se sont montrés solidaires de leurs revendications, a expliqué Martin Willems, permanent CNE. "Les autres coursiers qui ont assisté à notre assemblée ont décidé de ne pas prendre de commandes ce lundi soir", a-t-il affirmé.
Une nouvelle rencontre a eu lieu ce lundi midi entre les coursiers de Deliveroo et la direction de la société britannique. Au cours de cette réunion, les coursiers, soutenus par les syndicats, ont à nouveau exprimé leur refus de se voir imposer unilatéralement le statut d'indépendant à partir du 1er février. "La direction est revenue vers nous en fin d'après-midi, en assurant qu'elle voulait bien continuer à discuter, mais qu'elle avait besoin de temps. Elle nous a demandé de suspendre nos éventuelles actions tout en réaffirmant sa volonté de faire passer tous les coursiers sous statut indépendant à la fin du mois", a poursuivi le représentant du syndicat chrétien. En d'autres mots, la direction a rejeté la principale revendication des coursiers. Ces derniers veulent en effet continuer à avoir le choix d'être représenté par la Smart, une coopérative qui leur permet de bénéficier pour leurs heures effectuées d'une protection sociale et d'une assurance en cas d'accident, ou de travailler sous statut d'indépendant. "Ce statut Smart n'est pas l'idéal mais il donne au moins accès aux prestations sociales. Or, en octobre, la direction de Deliveroo a fait savoir qu'elle ne voulait plus travailler qu'avec des indépendants tout en admettant les limites de ce système et a dénoncé son contrat avec la Smart", a encore souligné Martin Willems. "La société s'est ensuite dite prête à travailler à une amélioration du statut d'indépendant sans jamais revenir sur sa décision initiale", visant une rémunération à la course, a-t-il ajouté. "Nous allons désormais reprendre contact avec la direction le plus rapidement possible en espérant qu'elle aura compris le message et qu'elle acceptera d'assouplir sa position. Car l'objectif de notre action, c'est aussi de lui montrer que si elle ne revient pas sur sa décision, elle n'aura plus aucun coursier au 1er février", a conclu le syndicaliste. Dans un communiqué, la direction de Deliveroo a indiqué que "les manifestants ne représentent pas la majorité des coursiers".
"Nous travaillons avec plus de 2.000 coursiers en Belgique dont une large majorité sont très satisfaits du travail flexible que nous proposons et de l'augmentation de revenus possible grâce au nouveau modèle mis en place en octobre dernier", réagit lundi soir la société Deliveroo alors qu'une trentaine de coursiers manifestent dans les rues de la capitale. Ces manifestants "ne représentent pas la majorité des coursiers Deliveroo", assure-t-elle dans un communiqué.
Selon la direction, le nouveau modèle mis en place, qui vise une rémunération à la course, "est à la fois populaire et lucratif". "Un coursier indépendant gagne, en moyenne, 18,5 euros brut de l'heure soit 6 euros brut de plus de l'heure que dans l'ancien modèle", détaille Deliveroo. Quant à la flexibilité accrue, "elle réside dans le fait que les coursiers, pendant un tiers de leurs heures, choisissent de travailler en période de forte demande, ce qui leur donne ainsi accès à plus de commandes et donc à plus de revenus." "Nous sommes déçus de constater que les actions de ce lundi soir visaient à perturber le service de restaurateurs locaux ainsi que de coursiers qui n'ont pas pu sortir et travailler comme ils le souhaitaient, plutôt que de poursuivre le dialogue constructif que nous valorisons et souhaitons", conclut la direction.
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