Environ 700 médecins, sage-femmes, infirmiers et psychologues ont signé un appel aux députés à ne pas voter la proposition de loi dépénalisant complètement l'avortement.
Mercredi, la commission de la Justice reprendra l'examen de cette proposition. Le texte co-signé par des députées socialistes, libéraux, écologistes, DéFI et PTB vise à faire de l'interruption volontaire de grossesse un acte médical à part entière.
Le texte dépénalise complètement l'avortement aussi bien pour les femmes que pour les médecins, allonge à 18 semaines le délai dans lequel un avortement peut être pratiqué et réduit à 48 heures le délai de réflexion. "A 18 semaines, nous nous trouvons face à un être humain déjà formé", affirment ces signataires dans une tribune libre publiée mardi par le journal La Libre. "A l'heure où médecins et éducateurs s'efforcent d'éduquer les jeunes en les encourageant à vivre une sexualité responsable - pour eux mêmes et pour les autres - l'allongement du délai légal à 18 semaines envoie un signal contre-productif de déresponsabilisation et banalisation", ajoutent-ils.
Les signataires redoutent qu'à considérer l'avortement comme un acte médical, des pressions morales soient exercées sur les soignants et qu'il leur soit dès lors plus difficile d'invoquer une clause de conscience pour refuser de pratiquer l'IVG.
Dans un communiqué de presse, les médecins et le personnel soignant à l'origine de la pétition contre la proposition de loi explique leurs motivations. "Tous les jours, me´decins et soignants accompagnent des femmes dans leur maternite´", peut-on lire. "Ils e´coutent, soignent, expliquent et aident. Ils ne peuvent se re´soudre a` pratiquer un avortement a` un stade si avance´ de la grossesse. Un tel acte les toucherait dans leur vocation de soignants.'
Selon eux, l'interruption volontaire de grossesse ne peut pas être banalisée. "Tenter de faire croire que c’est un soin de sante´ comme un autre, c’est d’abord et avant tout mentir aux femmes, qui ressentent dans leur corps que l’IVG les affecte durablement. 90 % des Franc¸aises, par exemple, estiment qu’il laisse des traces psychologiques difficiles a` vivre".
Ils se demandent de`s lors: "Pourquoi un tel de´calage entre le ressenti de tant de femmes et la volonte´ de certains parlementaires? Puisque l’impact psychologique ne´gatif de l’avortement est reconnu, la pre´vention de l’avortement ne devrait-elle pas devenir un objectif prioritaire de sante´ publique autour duquel tous les partis se retrouvent ?"
Toujours selon le communiqué, en l’absence de gouvernement et sans poser un diagnostic objectif sur la situation actuelle de la pratique en Belgique, il n’est gue`re possible de le´gife´rer raisonnablement sur un sujet aussi sensible, et cela seulement une anne´e apre`s la dernie`re loi qui sortait l’avortement du Code Pe´nal.
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