Des dizaines de syndicalistes, issus principalement de la CSC et de la FGTB, ont perturbé les vœux du Mouvement réformateur organisés à Liège lundi soir. Le Premier ministre Charles Michel est arrivé sur place alors que des manifestants étaient déjà là. Ils l'ont copieusement sifflé et lui reprochent de ne pas oser les rencontrer. M. Michel a expliqué que ce n'était pas le lieu pour cela et qu'il était toujours disponible pour rencontrer les syndicats, mais "dans un bureau". Des syndicats qui contestent l'action globale du gouvernement, ce qui attise les critiques du MR, qui y voient une pression politique et non de véritables revendications de fond.
Les vœux du MR étaient organisés ce lundi à Liège, au Palais des Congrès. Environ 80 syndicalistes s'étaient rassemblés pour dénoncer les mesures du gouvernement Michel. Ils étaient tenu à l'écart de l'entrée par une barrière et par quelques policiers, comme ont pu le voir nos journalistes sur place. Des élus libéraux comme Olivier Chastel, président du MR, ou Daniel Bacquelaine, ministre fédéral des Pensions, sont passés devant les manifestants. Eux comme l'ensemble des partisans et politiques du MR a été accueilli par des cris, insultes et coups de sifflets, qui ont retenti pendant presque deux heures.
"Il fuit ses responsabilités parce qu'il a peur d'affronter la foule"
Le Premier ministre Charles Michel n'a pas souhaité rencontrer les syndicats. "Il fuit ses responsabilités parce qu'il a peur d'affronter la foule", critique un syndicaliste chrétien. "Il met les travailleurs et les personnes sans emploi dans une situation dramatique. C'est un gouvernement d'ultra droite qui prend tout et qui ne nous donne que son mépris", ajoute-t-il. "Visiblement, quelques militants lui font peur, il n'ose pas les affronter. Je constate que des militants de base sont passés la tête haute devant nous, ils ont au moins le courage de leurs opinions et de ce qu'ils représentent", juge un autre syndicaliste de la FGTB.
"Dès ce mois-ci, beaucoup de citoyens qui travaillent vont voir les effets des décisions prises"
De son côté, Charles Michel explique ne pas vouloir rencontrer les syndicats dans ces conditions. "Je suis toujours disponible pour rencontrer les syndicats. On travaille d'ailleurs beaucoup ensemble, mais ça se passe dans des bureaux et dans des salles de réunion, mais pas en rue", dit le Premier ministre libéral.
Charles Michel s'est dit confiant du résultat des politiques menées par son gouvernement. "Je suis convaincu que 2016 pourra être une année où l'on verra les premiers résultats. Dès ce mois-ci, beaucoup de citoyens qui travaillent vont voir les effets des décisions prises l'année passée sur leur fiche de paie", explique-t-il. "Les entreprises, les indépendants, surtout les PME, vont voir aussi que l'embauche coûte moins cher, ils vont voir qu'investir est attractif sur le plan fiscal", ajoute-t-il. "Je crois, comme la Banque nationale ou le Bureau du plan, qui sont des organes indépendants, qu'en 2016 on va avoir les premiers milliers d'emplois se créer, en lien avec les décisions courageuses, et parfois difficiles, prises en 2015", estime le Premier ministre.
Aucune vraie revendication: où quand les syndicats font de la politique
Mathieu Bihet, président national des Jeunes MR, a expliqué ne pas comprendre l'initiative des syndicats. "Ce qui est dommage, c'est qu'ils n'ont pas de revendications. Leur attitude ici est purement politique dans le sens où ils s'en prennent à un parti mais pas à un projet spécifique. Quand je suis arrivé, j'ai discuté avec les quelques syndicalistes qui étaient présents au début. Ils sont là pour exprimer un mécontentement, mais un mécontentement vis-à-vis de quoi? Ils ne m'ont pas donné de réponse..." Jean-Marc Namotte, secrétaire général de la CSC Huy-Waremme, l'a en effet reconnu: aucun point particulier n'était au centre du rassemblement. "Ce qui est important c'est que, dans les lieux de concertation sociale, le dialogue puisse se passer. Ce que nous voulons, c'est un changement global d'attitude."
Pour sa part, Daniel Bacquelaine insiste sur la place que son parti accorde aux concertations sociales. "Nous sommes déterminés à faire avancer nos réformes qui sont indispensables, et on les réalise dans la concertation. Mais il faut garder en mémoire que le syndicalisme ne doit pas être de la politique. Ça l'est parfois, alors que ça devrait garder des objectifs sociaux. Qu'ils nous accueillent ce soir avec des cris et des insultes, je ne pense pas que ce soit vraiment utile. Mais ma porte est toujours ouverte pour la concertation sociale! De notre côté, nous sommes responsables, devant le parlement et avec le parlement, d'accords de majorités par rapport à un programme pour lequel nous avons été élus."
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