Le ministre-président wallon Paul Magnette a invité ce mercredi tout membre de la fonction publique wallonne à informer sa hiérarchie et la justice de toute suspicion de malversation telle que celle de la fraude à l'Office wallon des déchets, afin d'aller "au bout des choses".
Prenant la parole au parlement wallon après de longues auditions mardi qui se sont prolongées jusqu'aux petites heures ce mercredi, Paul Magnette s'est dit profondément en colère des faits, qui sont "gravissimes" en soi et ont "jeté l'opprobre" sur la gouvernance publique en Wallonie. "Les fonctionnaires ont le devoir d'informer la hiérarchie et les autorités judiciaires. J'invite tout fonctionnaire à le faire sans le moindre délai. Que les fonctionnaires qui ont quelque chose à dire le disent, ils seront entendus, respectés et protégés par leur hiérarchie", a affirmé M. Magnette, un mois après l'éclatement de l'affaire Tonneaux, du nom de ce comptable véreux de l'OWD.
Pour pouvoir parler d'un "avant- et d'un après-OWD"
Il a aussi rappelé l'existence du service du Médiateur pour les citoyens. "Ce n'est pas de la délation", mais il importe de "lever toute suspicion" afin que l'on puisse parler d'un "avant- et d'un après-OWD", un organe qui ne survivra pas à cette crise puisqu'il sera dissous et ses services intégrés dans l'administration, où les procédures de contrôle sont plus sévères.
Le chef de l'exécutif régional a rappelé les réformes annoncées par le ministre de la Fonction publique Christophe Lacroix et celui de l'Environnement Carlo Di Antonio. Il a insisté sur le lancement d'un audit complet des organismes wallons. "Si d'autres instances doivent être dissoutes - parce qu'elles ne seraient pas les plus efficaces, ou qu'elles seraient redondantes -, je mettrai tout mon poids politique pour que ce le soit", a ajouté M. Magnette, jugeant cette action nécessaire pour la confiance du citoyen.
"La majorité, et le cdH principalement, a voulu étouffer"
L'opposition a apprécié ce discours, même si elle a jugé qu'il venait tard. "C'est un discours libéral, merci! ", a lancé Pierre-Yves Jeholet (MR), regrettant que le ministre-président ne l'ait pas tenu plus tôt. Il estime que le ministre Lacroix a pris ses responsabilités, mais craint que le débat soit désormais clos, les auditions supplémentaires réclamées en commission Di Antonio n'ayant pas (encore) fait l'objet d'un accord. "La majorité, et le cdH principalement, a voulu étouffer" l'affaire, a jugé le réformateur, remonté contre une DGO3 (l'administration wallonne de l'Environnement) qu'il présente comme "le fief du cdH". Le chef de groupe cdH Dimitri Fourny n'a pas apprécié. Il a dénoncé "un amalgame inadmissible" du MR sur base d'un fait isolé, à savoir l'affaire Tonneaux. Il a rappelé que le travail du ministre Lacroix était mené depuis bien plus longtemps que cette affaire.
Une forme de "Wallonie bashing"
Pour Christophe Collignon (PS), la déclaration de M. Magnette était "forte et volontariste". Il a dénoncé une forme de "Wallonie bashing" qui a généré dans les médias des expressions aussi dures que "république bananière" ou l'expression "on a toujours fait comme ça". "Je n'ai pourtant pas l'impression que la Wallonie est à la traîne en termes de gouvernance, elle est même à l'avance sur bien des points", a-t-il jugé. Il a appelé à aller au bout des choses tout en gardant la raison, car même si les montants sont importants, l'affaire du comptable véreux est un "épiphénomène" à ne pas généraliser.
Stéphane Hazée (Ecolo), lui, dit ne pas comprendre pourquoi la majorité PS-cdH veut "remettre le couvercle" sur les auditions en commission, même s'il dénonce lui aussi toute généralisation abusive. Il se demande où en est l'instauration d'une Commission de déontologie et d'éthique indépendante, sur laquelle les gouvernements wallon, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Cocof s'étaient entendus en 2014.
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