Le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration remet aussi en question l’aspect moral de ce système prévu dans l’accord de principe conclu entre l’UE et la Turquie.
Même si le sujet n'était pas formellement à l'ordre du jour de leur réunion, les ministres de l'Intérieur et de la Migration ont évoqué l'accord de principe conclu lundi par l'Union européenne et la Turquie, et plus particulièrement le système de "un pour un", qui verrait l'Europe accueillir, pour chaque personne refoulée vers la Turquie depuis la Grèce, un réfugié syrien provenant d'un camp en Turquie. Le secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration, Theo Francken, a reconnu que le principe était difficile, sur les plans tant moral que pratique.
"Il est crucial de décourager les gens de prendre le bateau"
Les ministres de l'Intérieur et de la Migration ont une nouvelle fois abordé ce jeudi, lors de leur réunion mensuelle, la crise des réfugiés et les réponses européennes à y apporter. Theo Francken a plaidé pour l'adoption rapide d'un plan "anti-noyades". "Il est crucial de décourager les gens de prendre le bateau", a souligné le secrétaire d'Etat.
La Grèce a reconnu il y a quelques semaines la Turquie comme pays tiers sûr, ce qui devrait permettre de renvoyer plus facilement et rapidement les personnes qui ne demanderaient pas l'asile à leur arrivée en Grèce. "Nous avons longuement parlé des aspects techniques: le principe "un pour un" peut-il fonctionner?", a poursuivi le secrétaire d'Etat. "Est-ce qu'on ne les (les Turcs, ndlr) incite pas alors à laisser partir encore beaucoup de bateaux? Car plus il y a de bateaux qui partent, plus ils peuvent mettre des gens dans des avions (en direction de l'Europe). Est-ce que ce n'est pas totalement abject, d'un point de vue moral? Est-ce qu'on ne pousse pas à la noyade?"
Comment la Belgique peut-elle aider la Grèce ?
Le secrétaire d'Etat a rappelé que "la Grèce ne peut pas faire face seule, elle a besoin de notre aide". C'est pourquoi la Belgique va tenir des réunions bilatérales avec les Grecs pour évaluer quelle aide elle peut apporter. Cela pourrait prendre la forme d'un envoi d'officiers de protection ou de policiers pour les contrôles aux frontières, ou d'une aide logistique ou humanitaire.
La route des Balkans, que les réfugiés empruntaient depuis la Grèce pour rejoindre les pays du nord de l'Europe afin d'y demander l'asile, "restera fermée", a indiqué M. Francken. En raison de cette fermeture, de nombreux réfugiés sont bloqués à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions de vie précaires. La fermeture espérée de la route de migration depuis la Turquie doit rendre les pays européens "très vigilants sur les nouvelles routes" qui pourraient se former pour rejoindre l'UE.
La traversée de Libye vers l'île italienne de Lampedusa pourrait reprendre au printemps et à l'été, a relevé le secrétaire d'Etat, qui appelle aussi l'Europe à accélérer la signature d'accords de réadmission avec les pays africains, pour mettre en oeuvre les décisions prises en novembre au sommet de La Valette (Malte).
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