Le Roi a achève mercredi son tour de consultation des présidents de parti après la démission précipitée du dernier chargé de mission, Koen Geens. Le Roi a nommé un nouveau duo: Sabine Laruelle (MR) et Patrick Dewael (Open VLD). Ils sont tous les deux chargés de mission.
Le roi a chargé mercredi soir Patrick Dewael (Open Vld) et Sabine Laruelle (MR), respectivement président de la Chambre et du Sénat, de "prendre les contacts politiques nécessaires" en vue de former un gouvernement. Ils feront rapport au roi le lundi 9 mars au plus tard.
Dans un communiqué, le Palais confirme que le roi Philippe a reçu en audience mercredi soir les deux présidents d'assemblées fédérales. Les deux personnalités libérales n'ont fait aucun commentaire tant à leur arrivée qu'à leur sortie du Palais de Bruxelles, a constaté Belga sur place. "Le Roi leur a demandé de prendre les contacts politiques nécessaires permettant la mise en place d'un gouvernement de plein exercice. Ils ont accepté cette mission. Ils feront rapport au Roi au plus tard le 9 mars", selon le communiqué du Palais.
M. Dewael et Mme Laruelle sont les sixièmes chargés de mission royale depuis les élections du 26 mai dernier. Celles-ci avaient commencé dès l'été avec le tandem Didier Reynders (MR) - Johan Vande Lanotte (sp.a), suivi du duo Rudy Demotte (PS) - Geert Bourgeois (N-VA). Ceux-ci avaient passé la main à l'automne à Paul Magnette (PS), suivi par après par le couple Georges-Louis Bouchez (MR) - Joachim Coens (CD&V). Ces derniers furent relevés par Koen Geens (CD&V) qui a donné sa démission vendredi dernier. La nomination d'une personnalité de l'Open Vld était une hypothèse qui circulait ces derniers jours.
La confiance (avec le PS) est en péril
Les libéraux flamands ne s'étaient pas encore vus confier de mission de la part du Palais et leur positionnement apparaît désormais comme central dans les discussions. Il ne devrait plus être question de tester une formule rassemblant les deux premiers partis des deux plus grandes communautés, le PS et N-VA. Celle-ci avait été définitivement balayée vendredi dernier par le président des socialistes francophones Paul Magnette. Cette sortie dans la presse avait provoqué dans la soirée la démission précipitée de Koen Geens (CD&V). Ces événements ont laissé des traces dans les relations entre les chrétiens-démocrats flamands et le PS. "La confiance (avec le PS) est en péril", a encore répété le président du CD&V Joachim Coens à l'issue de son audience au Palais mercredi après-midi.
L'Open Vld apparait dès lors comme le parti flamand apte à pouvoir tester d'autres formules de coalition, tant avec la N-VA, avec qui il participe au gouvernement flamand, que sans les nationalistes flamands dans une configuration dite "Vivaldi". Parick Dewael fait figure de sage au sein du monde politique belge. Il avait marqué les esprits en juin dernier lorsqu'il avait procédé à l'installation de la nouvelle assemblée depuis son banc de parlementaire, évitant que le député d'extrême-droite Dries Van Langenhove (Vlaams Belang) monte à la tribune présidentielle. Son élection au perchoir de la Chambre avait été soutenue par tous les groupes politiques, à l'exception de la N-VA et du Vlaams Belang.
En juin dernier, répondant à un tweet de félicitations de la présidente de l'Open Vld Gwendolyn Rutten à l'adresse de Patrick Dewael, Paul Magnette avait alors testé, en vain, auprès d'elle, l'avènement d'une "coalition Dewael" associant au niveau fédéral "les partis souhaitant gouverner". La présidente du Sénat Sabine Laruelle se voit également confiée cette mission royale, une première pour une femme depuis la fondation de la Belgique.
Chapitre 3 pour le MR
Le MR reçoit ainsi sa troisième mission royale depuis les élections de mai dernier après Didier Reynders et Georges-Louis Bouchez. Le précédent chargé de mission Koen Geens avait confié vendredi dernier avoir voulu travailler autour d'un axe central composé du MR et du CD&V. La nomination de Sabine Laruelle semble confirmer cette place octroyée aux libéraux francophones. Les positions des différents partis semblent figées à ce stade et les tentatives de former une coalition s'apparentent désormais à un casse-tête. Quelques options paraissaient praticables dont la "Vivaldi", sans la N-VA, rassemblant les socialistes, les libéraux, les écologistes et le CD&V, ou encore la "Diable rouge", du nom donné par la presse flamande car elle rassemblerait le PS et la N-VA, avec le sp.a, le CD&V et les libéraux.
D'autres formules pourraient encore être testées, incluant ou pas les nationalistes flamands. Mercredi soir, le PS, a estimé que "la nomination des présidents des assemblées était "une bonne chose". "Cela contribuera à apaiser les esprits et à rétablir la sérénité nécessaire pour avancer", a indiqué le parti socialiste dans une réaction envoyée à Belga. "La situation politique reste délicate mais la mission royale confiée à Patrick Dewael et Sabine Laruelle doit être l'occasion d'aller de l'avant. Ecolo reste disponible et mobilisé pour construire les solutions et donner un avenir à la Belgique", a pour sa part tweeté le coprésident d'Ecolo Jean-Marc Nollet.
Le déroulé de ce mercredi
Gwendolyn Rutten reçue pendant une heure au Palais
Le Roi Philippe a terminé mercredi son tour de consultations des présidents de partis par celle de l'Open Vld Gwendolyn Rutten. L'audience a duré une heure, soit deux fois plus longtemps que pour les autres présidents de partis.
La libérale flamande n'a fait aucun commentaire tant à son arrivée qu'à son départ du Palais de Bruxelles. Le Roi a ainsi achevé ses consultations consécutives à la démission précipitée du dernier chargé de mission, Koen Geens (CD&V). Les supputations vont bon train sur le nom du nouveau chargé de mission royale, qui pourrait être connu ce mercredi soir. L'hypothèse de la nomination d'une personnalité issue de l'Open Vld est notamment envisagée.
La confiance est en péril" avec le PS, selon Joachim Coens
Le président du CD&V Joachim Coens a rappelé mercredi, à l'issue de son audience avec le Roi au Palais de Bruxelles, la préférence de son parti pour un gouvernement fédéral disposant d'une majorité dans chaque groupe linguistique. "La confiance est en péril" avec le PS, a-t-il aussi ajouté.
"Nous avons toujours plaidé pour la stabilité et pour un gouvernement qui dispose d'une majorité côté flamand et côté francophone. Nous, avec nos 12 sièges, nous avons essayé. C'est à d'autres maintenant de savoir ce qu'ils vont faire. C'est à quelqu'un d'autre de prendre la main", a ajouté le président des chrétiens-démocrates flamands, dont était issu le chargé de mission royale Koen Geens. Ce dernier avait présenté sa démission vendredi dernier après que le président du PS a rappelé dans la presse sa volonté de ne pas gouverner avec la N-VA. "M. Geens a été très clair. Il est très déçu de ce que M. Magnette et le PS ont fait. La confiance est en péril." Joachim Coens, qui a lui aussi assuré une mission d'information en duo avec Georges-Louis Bouchez (MR), a également fustigé le veto du PS et d'Ecolo à l'encontre de la N-VA. "Ce qu'ils font est dangereux. C'est difficile de parler de cela côté francophone, mais vous devez savoir que c'est important pour nous." Le tour de consultations royales se termine mercredi après-midi avec la présidente de l'Open Vld Gwendolyn Rutten. Le Roi Philippe aura alors reçu en trois jours les présidents de tous les partis susceptibles d'entrer en négociation en vue de former un gouvernement fédéral.
François De Smet, président de Défi: "L'équilibre à trouver sera au centre"
"On connaît les coalitions qui ne marchent pas, voyons celles qui peuvent marcher", a déclaré le président de DéFI François De Smet à son arrivée au Palais royal de Bruxelles. "Il y a quatre ou cinq coalitions possibles, que ce soit avec ou sans nous n'a aucune importance. C'est ce que je vais présenter au Souverain. L'équilibre à trouver sera au centre."
Paul Magnette appelle à la sérénité
"Il faut reprendre les discussions sereinement. Il y a déjà beaucoup de bases posées par les missions précédentes et il faut surtout se concentrer sur le contenu. Ça fait trop longtemps qu'on parle de différents types de coalitions, ce n'est pas comme ça qu'on va trouver des solutions", a estimé le président du PS à son entrée au Palais.
CE QU'IL FAUT SAVOIR
Le Roi termine sa série de consultation des présidents de parti après la démission précipitée du dernier chargé de mission, Koen Geens. Dès 9h00, se succéderont au Palais de Bruxelles le président du PS, Paul Magnette, suivi par ses homologues de DéFI, François De Smet, du CD&V, Joachim Coens, et de l'Open Vld, Gwendolyn Rutten. Huit mois après les élections, les tentatives de rapprocher le PS et la N-VA ont pris fin. Lassé d'un grand nombre de réunions sans résultat, M. Magnette a fait savoir par presse interposée que, pour sa part, il était inutile de poursuivre un exercice voué à l'échec. Le vice-Premier ministre CD&V Koen Geens, chargé deux semaines plus tôt par le Roi de prendre les "initiatives nécessaires pour mettre sur pied un gouvernement de plein exercice" a jeté l'éponge, non sans déplorer le "coup de sabot" donné par le président socialiste. Depuis lors, les relations sont particulièrement tendues entre les chrétiens-démocrates flamands et les socialistes francophones.
Seules deux options paraissaient jusqu'à présent praticables: la "Vivaldi", sans la N-VA, rassemblant les socialistes, les libéraux, les écologistes et le CD&V, et la "Diable rouge", du nom donné par la presse flamande car elle rassemblerait le PS et la N-VA, avec le sp.a, le CD&V et les libéraux peut être réduits au seul MR. L'Open Vld n'est pas numériquement indispensable dans une telle coalition qui reposerait sur une majorité dans chaque groupe linguistique.
Face à l'impossibilité de trouver la bonne formule de coalition, une autre solution consisterait en une forme de gouvernement d'urgence, au programme resserré voire limité dans le temps -mais il faudrait quand même une majorité pour en soutenir le programme- ou une forme de gouvernement fonctionnant selon des majorités de circonstance.
Même si personne, à l'exception du Vlaams Belang, ne réclame ouvertement des élections, cette perspective est loin d'être exclue. Le scrutin aurait alors un enjeu particulier: l'avenir du pays. De plus en plus de leaders en conviennent, la Belgique fédérale ne fonctionne plus et, ces derniers jours, le thème communautaire et institutionnel a fait un brusque retour à l'avant-scène.
LA JOURNÉE DE MARDI
Le Roi a consulté les présidents de parti pour débloquer la situation politique qui semble ne jamais avoir été aussi dégradée depuis les élections de mai 2019 et le lancement de négociations pour former un gouvernement fédéral.
Ce mardi matin, le président du sp.a Conner Rousseau et celui du MR Georges-Louis Bouchez ont été reçus au Palais, respectivement à 9h00 et 10h00, suivis vers 11h00 des co-présidents d'Ecolo Rajae Maouane et Jean-Marc Nollet.
Jean-Marc Nollet, coprésident d'Ecolo: "Il reste des situations qui permettent d'envisager une solution"
Les co-présidents d'Ecolo Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane sont restés très discrets mardi après avoir été reçus chez le Roi en fin de matinée. "La situation est délicate de toute façon", a sobrement constaté M. Nollet. "Heureusement, il reste des situations qui permettent d'envisager une solution", a-t-il assuré après un "entretien extrêmement important avec le Roi".
Georges-Louis Bouchez, président du MR: "Il est grand temps d'agir"
"Tous ceux qui font des déclarations tapageuses n'aident pas", a lancé mardi matin le président du MR, en parlant de Bart De Wever. Mais ce dernier se veut positif... "Il y a toujours un chemin pour celui qui a la volonté. Il ne faut pas tomber dans la dramatisation, mais il est grand temps d'agir (...) Il faut un gouvernement stable le plus rapidement possible donc il ne faut pas ajouter des dossiers qui rendent les choses plus compliquées", a ajouté Georges-Louis Bouchez avant d'être accueilli par le roi Philippe.
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