Les éditorialistes ont eu des mots durs vis-à-vis des politiciens chargés de former un gouvernement. Même les journalistes politiques passionnés par la question en ont marre. Cette crise qui perdure peut aussi affecter l'image que la population a des partis engagés dans les négociations.
"La Honte", écrit l'éditorialiste de La Libre Belgique. "Insupportable", estime le journal Le Soir. Les titres des éditoriaux des journaux francophones et néerlandophones sont sans appel ce mardi matin: la coupe est pleine. Même les spécialistes politiques sont un peu perdus. "Ce qui perturbe surtout, c'est qu'on avait dit 'Avec la N-VA, ça va vraiment être difficile', rappelle Bernard Demonty, éditorialiste au journal Le Soir. Effectivement, ça n'a pas bien fonctionné mais alors la Vivaldi, la coalition qu'ils sont en train de négocier pour le moment, même ça, ça ne fonctionne pas. Alors quand la solution la plus facile devient la plus difficile à obtenir, effectivement, on se retrouve un peu sans voix en se disant que va-t-il se passer maintenant?".
Il est rejoint par sa consoeur, Astrid Roelandt, éditorialiste au journal "Het Laatste Nieuws", qui ne sait que répondre à ceux qui lui annoncent qu'ils ne vont plus voter du tout ou vont se mettre à voter pour un parti d'extrême droite tel que le Vlaams Belang. "C'est devenu difficile de défendre les partis politiques", estime-t-elle.
"La population n'en peut plus"
Et le coup de frein dans les négociations de ce week-end n'arrange rien. Pour rappel, les négociations ont bloqué, poussant les deux pré-formateurs à proposer leur démission au Roi, qui les a refusées. Lundi, les socialistes néerlandophones (s.pa) ont expliqué ne plus vouloir négocier avec les libéraux francophones (MR) à moins que ceux-ci acceptent les propositions alors sur la table. L'entente entre les sept partis en lice pour la Vivaldi n'est pas au beau fixe.
Cet après-midi, les sept partis doivent se réunir à nouveau. Les citoyens peuvent se sentir épuisés par ce théâtre politique qui affecte l'image des partis chargés de former un gouvernement. "Ces disputes sont intolérables parce qu'il y a un contexte, a rapporté en direct sur le plateau du RTL INFO 13H notre spécialiste politique, Antonio Solimando. Ce contexte c'est 485 jours de crise. Forcément, la population n'en peut plus".
"Les soucis de la population sont ailleurs"
Sans oublier le contexte si particulier de la pandémie mondiale que nous traversons. "Les soucis de la population sont ailleurs de ces querelles", commente notre spécialiste. Le risque est que ces disputes décrédibilisent durablement la politique. D'abord, à court terme, qu'elles décrédibilisent la légitimité de ce futur gouvernement s'il se fait. Ensuite, à moyen terme, qu'elles décrédibilisent toute cette jeune génération de politiciens. Ils sont en train, peut-être, de perdre du crédit. Et puis à long terme, il y a le risque qu'elles décrédibilisent nos institutions en faisant peut-être progresser le sentiment séparatiste des gens, leur faisant penser que nos institutions ne fonctionnent plus".
Malgré cette morosité ambiante, les spécialistes politiques sont unanimes : tout peut encore se jouer cette semaine.
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