Ce matin dans sa chronique Bel RTL Eco, Bruno Wattenbergh nous a expliqué les changements que le gouvernement Michel va faire subir aux CPAS et au revenu d’intégration sociale. "Un changement de principe du système".
Pourquoi les autorités fédérales réforment-elles en profondeur le revenu d’intégration sociale (RIS), cette allocation accordée par les CPAS?
Parce que le nombre de bénéficiaires augmente d’année en année : 115.000 l’année passée, une augmentation de 12% ! Ce qui pose questions sur le rôle futur des CPAS et surtout sur les moyens à leur donner pour continuer à jouer leur rôle de garde-fou social et empêcher les plus faibles d’être exclus de la société.
Pourquoi cette explosion des bénéficiaires de ce RIS ?
La crise bien sûr, mais surtout la décision politique et budgétaire de ne plus considérer le chômage comme un statut acceptable sur le long terme, c'est-à-dire concrètement exclure les chômeurs qui ne font pas assez d’efforts pour chercher du boulot ou pour se former. Chômage et RIS deviennent donc des vases communicants. Si vous êtes exclu, vous basculez sur le CPAS ou bien vous tentez d’être déclaré en incapacité de travail pour retomber sur le budget de la maladie et invalidité, qui lui aussi est en train d’exploser.
En quoi est-ce une révolution ?
D’abord dans la conception du chômage. La Belgique est un paradis social dont on peut et dont on doit être fier. Il a permis de limiter les inégalités et de garder dans la société et la citoyenneté des dizaines de milliers de Belges fragilisés. Il était jusqu’il y a peu acquis que l’on pouvait presque rester à vie au chômage, sans nécessairement démontrer beaucoup d’efforts pour en sortir. C’était en quelque sorte comme si la société était responsable du chômage et devait octroyer une assurance chômage à vie, même si vous aviez peu ou pas contribué au système. Ce principe de solidarité s’est fracturé sous le précédent gouvernement pour devenir plutôt une sorte d’assurance temporaire : vous perdez votre boulot, le chômage est là pour vous aider à subsister et rebondir, le temps de vous former par exemple. Et puis, vous retombez sur le CPAS. Je comprends la remise en cause du principe, MAIS, elle devrait d’abord aller de pair avec un refinancement et une réforme en profondeur des CPAS, qui ne sont pas préparés pour aider les citoyens en marge du marché de travail à redevenir employables. Le fédéral vient d’ailleurs d’octroyer une enveloppe complémentaire. Ensuite, il faut absolument donner les moyens à Bruxelles-Formation et au FOREM d’offrir des formations qualifiantes à ces travailleurs et à les rapprocher du marché du travail.
L’autre révolution, c’est que les bénéficiaires du revenu d’intégration devront prester pour la communauté
En pratique, parmi les contraintes imposées aux bénéficiaires de ce RIS figurent le suivi de cours de langue ou d’une formation ainsi que le suivi actif d’éventuelles offres d’emploi. Avec un risque de sanction. Et ce suivi pourra inclure un service à la communauté. Mais le CPAS ne pourra en principe pas l’imposer unilatéralement, comme cela avait été prévu au départ.
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