La volonté prêtée à la ministre de la Santé publique, Maggie De Block, d'inciter les malades de longue durée à revenir au travail, le cas échéant en sanctionnant financièrement les récalcitrants qui seraient jugés aptes par un médecin à reprendre le travail mais renâcleraient à suivre un parcours de réintégration, a fait réagir jeudi la CSC, qui dénonce l'approche de la ministre libérale.
Si vous avez été malade et que vous rechignez à reprendre le travail, cela pourrait vous coûter cher. La proposition de la ministre Maggie de Block sera discutée en comité ministériel restreint aujoud'hui. Si elle passe, vous perdrez entre 5 et 25% de votre allocation en cas de mauvaise volonté.
Les patrons aussi passeront à la caisse s'ils font peu ou pas d'effort pour réintéger un travailleur malade: jusqu'à 4.000 euros par employé.
Le syndicat chrétien, qui estime que la réglementation actuelle "offre déjà des opportunités de réinsertion professionnelle aux malades de longue durée en leur proposant un travail adapté ou un autre emploi, de préférence chez leur propre employeur, mais sur une base strictement volontaire", craint qu'infliger des sanctions ne chamboule totalement "le cadre serein dans lequel les trois parties (travailleur, employeur, médecin du travail) peuvent se concerter pour une réintégration volontaire de qualité".
La CSC estime en outre qu'"exercer de fortes pressions sur les malades de longue durée en les menaçant de sanctions pour les inciter à entamer un parcours de réintégration n'est pas défendable sur le plan humain non plus".
"Avec la proposition de la ministre Maggie De Block, l'approche positive de la réintégration risque de se transformer en un cauchemar répressif. Ce qui doit être, à tous les niveaux, un projet qui invite à offrir de nouvelles opportunités aux personnes vulnérables et qui requiert l'engagement de toutes les parties (syndicats, mutualités, services de prévention, employeurs et organisations patronales) est en passe de devenir un projet menaçant", conclut le syndicat, pour qui l'"approche répressive" de la ministre "ne facilite en rien la réintégration".
Le projet cale au gouvernement entre CD&V et N-VA
Le comité ministériel restreint n'est pas tombé d'accord vendredi sur le dispositif de réintégration au travail des malades de longue durée. Le projet de la ministre de la Santé, Maggie De Block, bute sur les visions contradictoires du CD&V et de la N-VA, apprenait-on à sources concordantes.
Depuis le mois de décembre, il existe un cadre réglementaire permettant à un travailleur malade de longue durée, mais qui dispose toujours d'une capacité de travail, et à son employeur de s'accorder avec un médecin sur un trajet de réintégration au travail. Le dispositif butte sur la "responsabilisation" des acteurs, soit la façon de sanctionner un travailleur qui refuserait abusivement une réintégration ou l'employeur qui refuserait la réintégration. Le projet n'a pas passé le cap du comité restreint vendredi. Le CD&V (démocrates chrétiens flamands) et la N-VA (nationalistes flamands) s'opposent sur les sanctions infligées soit aux employés, soit aux employeurs, a-t-on indiqué.
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