Les quatre ministres de l'Energie et de l'Environnement ont abouti vendredi soir à un accord sur la répartition de l'effort climatique à produire d'ici 2020, ont-ils annoncé. Cet accord porte sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la production d'énergie renouvelable, le produit des enchères de quotas CO2, et l'engagement sur le financement international.
L'accord conclu au sein de la Commission nationale du Climat est le résultat de longues discussions entamées en janvier 2015, après des tentatives infructueuses sous les législatures précédentes.
Pour atteindre l'objectif belge de réduction de gaz à effet de serre, les Régions réduiront d'ici 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre de 15,7% pour la Flandre, de 14,7% pour la Wallonie et 8,8% pour Bruxelles.
La Belgique s'est engagée à atteindre un niveau de 13% d'énergie renouvelable dans la consommation finale d'énergie brute en 2020. En valeur absolue, l'engagement pour la Flandre s'élèvera à 2,156 tonnes d'équivalent pétrole (Mtep), à 1,277 Mtep pour la Wallonie, à 0,073 Mtep pour Bruxelles et à 0,718 Mtep pour le pouvoir fédéral.
Pour ce qui est des enchères de quotas CO2, les 326 millions d'euros disponibles seront répartis à 10% pour Fédéral, 53% pour la Flandre, 30% pour la Wallonie et à 7% pour Bruxelles. Pour ce qui est des enchères à venir jusqu'en 2020, le fédéral recevra 9,05%, la Flandre 52,76%, la Wallonie 30,65% et Bruxelles 7,54%.
L'engagement sur le financement international s'élève à 50 millions d'euros, dont 25 millions seront assumés par le fédéral, 14,5 millions par la Flandre, 8,25 millions par la Wallonie et 2,25 millions par Bruxelles.
Greenpeace: "Il leur a fallu des années pour accoucher d'un accord qu'on ne peut que qualifier de faible"
"La Belgique a agi comme un élève désintéressé qui remet un travail uniquement parce qu'il a été sommé de le faire. Nos ministres se sont rendus ridicules au niveau international: il leur a fallu des années pour finalement accoucher d'un accord climatique qu'on ne peut que qualifier de faible", a commenté la chargée de campagne 'Climat' à Greenpeace Belgique, Juliette Boulet, ancienne députée fédérale Ecolo.
"Réduire les émissions de CO2 est un geste positif pour notre santé, notre portefeuille et l'avenir de nos enfants. Mais nos ministres continuent à voir la politique climatique comme un fardeau. Chacun essaie de s'en débarrasser autant que possible", juge-t-elle. "Le véritable travail commence maintenant", conclut-elle.
L'ONG rappelle qu'une étude réalisée notamment à sa demande montre que d'ici 2020, la Belgique pourrait produire 33% de son électricité au départ de sources renouvelables, voire 54% d'ici 2030.
CNCD: "Une véritable Commedia dell'arte pour une négociation qui ne cherchait même pas à relever les ambitions belges d'ici 2020"
De son côté, le Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11) a exprimé sa déception suite à cet accord. "Les négociations ont été longues et ponctuées de soubresauts, une véritable Commedia dell'arte pour une négociation qui ne cherchait même pas à relever les ambitions belges d'ici 2020, et encore moins à définir une vision à long terme", a déploré vendredi Valérie Rigot, chargée de l'environnement au sein du centre.
Même si le CNCD reconnaît l'important travail de fond réalisé pour parvenir à cet accord, il regrette que le financement climat n'ait pas fait l'objet d'une approche plus ambitieuse. "C'est le seul des quatre points en négociation qui était véritablement prioritaire pour la COP21. L'objectif est manqué." Les quatre gouvernements se sont engagés sur un montant de 50 millions d'euros par an pour le financement climat international. Une déception pour le centre, qui demande aux ministres de "sauver l'honneur" en confirmant que ce seront bien des moyens additionnels à l'aide au développement, amenés à augmenter d'années en années.
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