La députée bruxelloise, exclue vendredi du cdH pour avoir refusé de reconnaître l'existence du génocide arménien, estime que son éviction est injuste. Mahinur Özdemir parle de trahison et entend poursuivre ses mandats.
Mahinur Özdemir était l’invitée de Martin Buxant ce lundi matin sur Bel RTL. La députée bruxelloise est notamment revenue la position de la Belgique concernant la reconnaissance du génocide arménien.
Reconnaîtrez-vous le génocide arménien quand la Belgique le reconnaîtra ?
"Ecoutez, j’en prendrai acte et alors, on en discutera à ce moment-là. Mais aujourd’hui, la position de la Belgique est celle que l’on connaît et je m’aligne actuellement sur cette position. En fait, je refuse de m’enfermer dans le débat sur les terminologies. Parce qu’effectivement, je reconnais les souffrances des personnes qui sont décédées, qui ont perdu la vie dans des conditions atroces en 1915."
Qu’est-ce qui prime pour vous ? La loi turque qui interdit de reconnaître le génocide ? Ou les règles belges et européennes ?
"Evidemment que ce sont les règles belges et européennes. Je suis née en Belgique…"
Donc quand la Belgique le reconnaîtra, vous le reconnaîtrez ?
"Comme je l’ai dit, il faut d’abord que ce débat arrive. La loi turque, je ne la connaissais même pas. Je fais de la politique en Belgique, je ne fais pas de la politique en Turquie, soyons clair. Je suis une députée belge bruxelloise."
"Certaines personnes ont du mal à digérer le fait que je porte un foulard"
Est-ce que le cdH n’a pas respecté la procédure pour vous exclure ?
"C’est simplement à cause d’une communication foireuse qu’on me demande aujourd’hui de remettre mes mandats. Une communication que je n’ai pas gérée. C’est à la demande du parti, je le rappelle, que je n’ai pas pu parler à la presse depuis un certain temps."
Est-ce que vous avez été exclue du cdH parce que vous ne reconnaissez pas le génocide arménien ou parce que vous êtes la seule élue à porter le voile au Parlement ?
"Je pense que ça a un peu joué parce qu’effectivement, beaucoup de personnes étaient un peu dérangées parce que je porte un foulard. Certaines personnes ont du mal à le digérer. Aujourd’hui, ça a été un bon prétexte en tout cas pour me pendre sur l’espace public. Alors que franchement, j’ai toujours été claire, j’ai toujours travaillé dans l’intérêt du parti, je n’ai jamais fauté."
Vous avez été un attrape-voies pour la communauté turque en Belgique ?
"Aujourd’hui, je me sens trahie, par rapport à mes électeurs. Ils se sentent également fort manipulés par rapport à ce qu’il se passe. Aujourd’hui, le nombre de messages et d’appels de soutien que je reçois, le fait d’avoir des professeurs d’universités des Etats-Unis qui me demandent de rédiger par rapport à ça, ça prouve encore une fois que la procédure est tâchée d’irrégularités."
"On a un président qui essaie de voir Bruxelles depuis la Wallonie, c’est un peu difficile"
C’est Joëlle Milquet qui vous a mise en piste au cdH, quelle différence voyez-vous entre le cdH de Joëlle Milquet et celui de Benoit Lutgen ?
"En tout cas, j’en vois une très grande parce que Joëlle Milquet incarnait vraiment le renouveau de Bruxelles, dans toute sa diversité. Aujourd’hui, malheureusement, on a un président qui essaie de se rallier, qui essaie de voir Bruxelles de la Wallonie, de Bastogne, c’est un peu difficile je pense."
Est-ce que vous allez remettre vos mandats au cdH comme le demande Lutgen ?
"Non pas du tout, pourquoi ?"
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