L'ancien parlementaire Jean-Pierre Detremmerie, qui a mis fin à ses jours dans la nuit de samedi à dimanche, a incarné la ville de Mouscron qu'il a dirigée comme bourgmestre pendant un quart de siècle. Après une riche carrière politique, l'ex-député social-chrétien, rattrapé par un certain nombre d'affaires, a fini par être exclu du cdH local. Acteur d'une certaine redynamisation de la ville de Mouscron et du Hainaut occidental, il avait participé à la saga de l'Excelsior Mouscron, modeste club de football, qui, en tutoyant un temps les plus grands a servi de vitrine à ses ambitions politiques. Inculpé de faux, usage de faux et d'abus de biens sociaux dans l'affaire des finances occultes du club failli qu'il avait présidé, il allait être fixé mardi sur son sort quant à un éventuel renvoi devant le tribunal correctionnel. Il restait présumé innocent.
C'est le 1er janvier 1980 que l'échevin Jean-Pierre Detremmerie devient bourgmestre de Mouscron. Un an plus tard, il prend également la place du député Robert Devos à la Chambre des représentants alors qu'il était suppléant. Il s'impose comme le leader du PSC dans le Hainaut occidental, étant régulièrement réélu durant une vingtaine d'années. Jean-Pierre Detremmerie réorganise une partie des intercommunales hennuyères au profit de Mouscron, Commines-Warneton et des environs. Il parvient à capter d'importants investissements industriels et attire dans la région les aides de l'Objectif I. Forte personnalité, il n'hésite pas à contester la tutelle wallonne ou à quereller les accords de pacification communautaire qui voient les Fourons sacrifiés par les partis francophones (au profit de la création de la Région bruxelloise) alors que Comines se voit attribuer un statut linguistique spécial protégeant la minorité flamande.
Partisan d'un "unionisme belge", Jean-Pierre Detremmerie siège également jusqu'en 1995 au Parlement wallon et au Conseil de la Communauté française. En 1995, il revient à la Chambre où il est réélu en 1999. Après que les circonscriptions électorales ont été réformées pour épouser l'espace provincial, Jean-Pierre Detremmerie bute sur sa réélection en 2003 et rebondit dès lors l'année suivante au Parlement wallon où les circonscriptions sont restées plus modestes. Il y sera remplacé un an plus tard par feu Damien Yzerbyt en qui il voit son successeur à Mouscron. L'étoile de Jean-Pierre Detremmerie commence à pâlir alors qu'il est rattrapé par un certain nombre d'affaires qu'il a toujours contestées.
En 2005, il renonce à la présidence de l'Excelsior Mouscron, également sur le déclin après dix ans de participation à la première division de football, quelques places d'honneur, deux finales de coupe de Belgique et autant de participations en coupe d'Europe. Le matricule du club finira par être radié, le Royal Mouscron Peruwelz, étant aujourd'hui ramené à des ambitions plus modestes en fond de classement de la première division.
Alfred Gadenne s'impose en 2006 comme nouveau bourgmestre de la ville. Pour la première fois depuis qu'il y siège en 1971, M. Detremmerie se retrouve conseiller communal indépendant de l'opposition après son exclusion par le cdH local. Il est forcé de quitter en 2009 la présidence de l'Intercommunale d'Etude et de Gestion (IEG). "J'étais assis sur le coffre-fort", avait pour habitude de dire l'ancien bourgmestre qui, de cette façon, comptait encore tirer les ficelles. Il siègera encore au conseil communal jusqu'en 2009, année durant laquelle il a décidé de quitter définitivement la vie politique pour se consacrer à sa famille.
Qui était Jean-Pierre Detremmerie? L'homme qui a "incarné Mouscron pendant un quart de siècle jusqu'à se brûler"
Publié le 21 février 2016 à 12h50
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