"La collecte des preuves est déterminante" dans la problématique des djihadistes européens détenus en Syrie et que les Etats-Unis demandent de rapatrier, a souligné jeudi soir le ministre belge des Affaires étrangères et de la Défense, Didier Reynders, après une entrevue à Washington avec le chef intérimaire du Pentagone, Patrick Shanahan.
L'annonce par le président Donald Trump de sa volonté de retirer rapidement les troupes américaines de Syrie embarrasse considérablement ses alliés européens de la coalition anti-Daesh, pour qui les risques restent élevés dans la région. La complexité du problème s'est accrue avec la demande du locataire de la Maison-Blanche aux Européens de rapatrier leurs ressortissants djihadistes détenus dans ce pays.
Certes, "personne n'est opposé à regarder ce qu'il est possible de faire" en cas de retrait américain, fait observer M. Reynders. Pour autant nuance-t-il que la Belgique ne soit pas appelée à envoyer de troupes au sol.
Mais concernant la proposition de M. Shanahan d'instaurer une zone de sécurité ("safe zone") au nord-est de la Syrie, le délai est "très court" pour lui donner une base légale, a répété le ministre. Les concertations à ce sujet vont bon train avec notamment les Pays-Bas, la France, le Danemark ou le Royaume-Uni.
Vers un centre de détention en Irak ?
La question - désormais liée - du traitement judiciaire des "Foreign Terrorist Fighters" (retour dans leur pays pour y être jugés ou poursuites dans la région) porterait actuellement, en ce qui concerne la Belgique, sur quatre individus détenus dans des camps gérés par les forces kurdes, selon Didier Reynders. Là encore, les discussions sont en cours avec des pays européens précités.
La Belgique défend une forme de justice internationale, excluant toute peine de mort, avec "pourquoi pas un centre de détention en Irak". "Mais en attendant une solution, la collecte des preuves est déterminante" pour traiter ces cas, a insisté M. Reynders. Il rappelle notamment le travail du Belge Serge Brammetz lorsqu'il était procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. C'est la raison pour laquelle le Conseil national de sécurité a demandé ce jeudi au parquet fédéral et à l'OCAM (Organe de coordination pour l'analyse de la menace) d'analyser les cas individuels.
Une coopération judiciaire renforcée avec l'Irak sera peut-être nécessaire. C'est aussi dans le but d'accroître le rassemblement des informations que M. Reynders doit s'entretenir vendredi avec Joseph Maguire, directeur du Centre américain de contre-terrorisme.
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