Didier Gosuin, le ministre bruxellois (DéFI) de l’Emploi, est l’invité de la rédaction de Bel RTL. Interrogé par Antonio Solimando, il présente son plan pour lutter contre les discriminations à l’embauche dans la capitale.
Antonio Solimando: Que fait-on pour lutter contre les discriminations à l’embauche? On sanctionne les employeurs?
Didier Gosuin: Jusqu’à présent on a toujours fait des actions de sensibilisation volontaires, je crois qu’il faut dépasser ce stade. Il faut des mesures incitatives: aider les entreprises qui jouent le jeu, et il y en a beaucoup, et qui sont des entreprises citoyennes financièrement, économiquement, les pouvoirs publics ont les moyens.
A.S. : Ça c’est une forme de discrimination positive?
D.G.: Oui, premièrement. Deuxièmement, être proactif, c’est aider toutes ces personnes à prouver leur compétence. Beaucoup de ces personnes ont des compétences mais n’ont pas les diplômes parce qu’ils viennent d’ailleurs et qu’il n’y a pas d’équivalence de diplômes, ou parce qu’ils ont appris leur métier sur le terrain. Donc on doit faire valider concrètement leurs compétences pour leur donner des titres, pour pouvoir exister sur le marché de l’emploi. Et troisièmement oui, il faut savoir sanctionner lorsqu’il y a des attitudes déviantes. Je pense à cet hôtel bruxellois qui avec un même CV et avec les mêmes compétences mais avec des noms différents, n’a même pas daigné répondre à quelqu’un qui était d’origine étrangère.
A.S.: Comment on les sanctionne ces entreprises? Il y a une législation mais il n’y a pas de sanction à la clé.
D.G.: Il n’y a pas de sanction parce que le pouvoir n’était pas donné aux inspecteurs sociaux de faire ces contrôles et donc s’il n’y a pas de contrôles, il n’y a pas de procès-verbaux et s’il n’y a pas de procès-verbaux, il n’y a pas de sanction. Il faut pouvoir aujourd’hui donner ce pouvoir, avec évidemment mesure parce qu’il ne faut pas faire du harcèlement. Il faut donner ce pouvoir aux inspecteurs sociaux de faire des contrôles lorsqu’il y a une présomption forte de discriminations dans une entreprise.
A.S.: Et donc on envoie des faux CV?
D.G.: Et ça veut dire qu’on peut organiser des tests de situation, ce qu’on appelle du "mystery shopping" aussi de façon à vérifier si les comportements des uns et des autres sont, comme on le pense, de nature discriminante voire raciste.
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