L'avocat général a requis mardi, devant le tribunal correctionnel de Mons, une peine d'un an de prison avec sursis contre le policier auteur du coup de feu qui a causé la mort de la jeune Mawda en 2018. Selon l'accusation, l'homme poursuivi pour homicide involontaire avait reçu toutes les informations indiquant que des migrants, dont des enfants, se trouvaient dans la camionnette qui circulait sur l'E42.
Aucun autre policier, placé dans des conditions identiques, n'aurait adopté une telle attitude
"A aucun moment son collègue lui a demandé de faire usage de son arme mais seulement de la montrer pour inciter le chauffeur de la camionnette à ralentir", a-t-elle ajouté. A ses yeux, un tir sur un véhicule en mouvement, la nuit, était fortement déconseillé. "Aucun autre policier, placé dans des conditions identiques, n'aurait adopté une telle attitude et, d'ailleurs, aucun autre policier n'a fait usage de son arme cette nuit-là." De plus, le policier n'était pas un tireur aguerri et ne s'était plus entraîné au tir depuis deux mois. "Il n'a pas parlé de ce tir immédiatement et c'est son collègue qui en a parlé au policier namurois. Il s'agissait pourtant d'un élément capital pour la suite de l'enquête. Rien ne justifiait le retard de cette information", a poursuivi l'avocat général.
Pas de requalification des faits
La magistrate a ajouté refuser de privilégier une version et préférer se référer aux éléments objectifs du dossier répressif. "Un tir par crispation ou par réflexe semble compatible avec les éléments qui ont été analysés". Elle n’a pas demandé de requalification des faits. Ingrid Godart estime qu'il s'agit d'un homicide involontaire par défaut de prévoyance ou de précaution. "Aucun élément dans ce dossier ne constitue un élément de preuve selon lequel le policier aurait voulu attenter à la vie d'autrui. Je ne peux pas démontrer qu'il était animé de l'intention de tuer ou qu'il avait consciemment accepté ce risque".
Il tente de faire porter le chapeau à tout le monde, sauf à lui
Une peine d'un an avec sursis et une amende ont été réclamées contre le policier. L'accusation a par ailleurs relevé le comportement du policier qui a d'abord caché être l'auteur du coup de feu mortel et sa volonté d'être acquitté qui démontre un défaut de remise en question. "Il tente de faire porter le chapeau à tout le monde, sauf à lui. C'est un manque de dignité que je déplore. En tant que policier, il lui appartient de se montrer digne de la hauteur des responsabilités qui sont les siennes", a conclu l'avocat général.
Le procès est suspendu, il reprendra le jeudi 10 décembre
Après la plaidoirie de Me Laurent Kennes, et la plaidoirie de l'avocat de l'Etat belge, le tribunal correctionnel de Mons a suspendu l'audience. Celle-ci reprendra le 10 décembre avec les plaidoiries des avocats des deux détenus, poursuivis pour entrave méchante à la circulation, avec la circonstance aggravante de meurtre, et de rébellion armée.
Après Me Kennes, Me Ferron a pris la parole au nom de l'Etat belge, employeur du policier. Selon les parties civiles, l'Etat est engagé sur base de la convention européenne des droits de l'homme dans ce drame. Cependant, l'Etat intervient dans ce procès, non pas comme partie prévenue, mais parce qu'il est civilement responsable du policier, peu importe la qualification pénale qui sera retenue contre le policier. "L'Etat interviendra de toute façon pour dédommager les parties civiles si le policier est condamné", a déclaré l'avocat. Le procès a été postposé au jeudi 10 décembre.
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