Bruno Schiffers, professeur de phytopharmacie et biocide à Gembloux expliquait selon lui, dans le RTLinfo13h comment une telle contamination avait pu échapper à l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA).
L'AFSCA a-t-elle bien fait son travail?
"La crise actuelle est vraiment symptomatique de ce qu'on peut observer dans le système industriel. L'AFSCA fait correctement ses contrôles mais ce qu'on peut remarquer c'est qu'il y a une déficience au niveau de la vérification du système d'autocontrôle. En Belgique, on a basé tout notre système de sécurité sanitaire des aliments sur la mise en place des systèmes d'autocontrôle chez les producteurs. Les producteurs ont joué le jeu, mais ce qu'on constate, -cela a d'ailleurs été souligné par la Cour des Comptes-, est que le nombre de contrôles par l'AFSCA des systèmes d'autocontrôle a été trop limité et donc, on a probablement fait trop confiance aux producteurs eux-mêmes. Ce sont des producteurs industriels qui ont aussi des impératifs économiques et donc la pression sur les prix fait qu'ils sont probablement tentés d'adopter des mesures qui ne sont pas toujours recommandables."
>LE BUDGET DE L'AFSCA EN NETTE BAISSE DEPUIS 2011
Les oeufs ont été contaminés par du fipronil. Les teneurs dont on parle sont faibles. Comment cet insecticide est-il ingéré par l'homme, même en faible quantité?
"Le fipronil est une matière active qui est aussi soluble dans les matières grasses. C'est un produit qui est très absorbé lorsqu'on l'avale, il passe dans le sang et puis il va passer dans la graisse et spécialement quand il est en faible concentration. Le rapport graisse sur sang est très élevé et donc le produit passe dans la matière grasse, s'accumule dans le jaune d'oeuf et puis finalement, le consommateur qui va ingérer ces oeufs va lui-même stocker ce produit dans sa propre graisse. Ce produit est très stable. Il faut 10 à 20 jours pour que la moitié de la concentration s'évacue. Il est peu excrété donc on va l'accumuler et le produit ne va pas se débarrasser ni chez la poule, ni chez le consommateur qui aura consommé ces produits ou ces produits dérivés faits à base d'oeufs de poule".
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