Juste après les attentats du 22 mars, le gouvernement avait fait des promesses aux victimes. Trois ans plus tard, RTL INFO a voulu savoir ce qui avait réellement été fait. Certaines annonces ont été suivies d'effets, d'autres pas du tout. Et les victimes attendent encore. "22 mars, 3 ans après: les promesses politiques sont-elles tenues?": c'est une enquête RTLINFO d'Arnaud Gabriel et Regjep Ahmetaj.
Le 22 mars 2016, la Belgique est frappée par le terrorisme. Un mois plus tard, dans le RTL INFO 19H, le premier ministre a une priorité: "J'ai demandé, très rapidement, des aides financières qui puissent être débloquées, avec un souci de simplification administrative", déclarait-il.
Il y deux semaines, Manuel Martinez, victime à l’aéroport de Bruxelles, témoigne au lendemain de sa 28ème opération: "Ça ne va pas, j'en ai marre de dire tous les jours que ça ne va pas", confie-t-il.
Le frère d'une victime dresse deux tableaux
Philippe Vansteenkiste est le frère de Fabienne, décédée à l’aéroport. Il est également le président de l'association des victimes des attentats (V-Europe). Pour nous, il dresse le bilan, avec deux tableaux: à gauche les promesses, à droite la situation actuelle. "Il y a plusieurs points qui sont très importants. On avance, ça avance doucement", explique-t-il.
Deux avancées à noter
Parmi les avancées, il y a la reconnaissance des victimes et ce statut de solidarité nationale. La Chambre approuve le projet de loi en juillet 2017. Un an plus tard, le Gouvernement annonce de nouveaux remboursements et augmente certains plafonds d’indemnisation. "Ça veut dire qu'on paiera des avances jusqu'au montant de 125.000 euros, et que par après, après avoir reçu ces avances, c'est l'Etat qui prendra recours, le cas échéant, sur l'assureur", indiquait le ministre de la justice Koen Geens.
La liste des promesses non-tenues est encore longue
Mais la situation reste difficile. Après trois ans, la liste des promesses non-tenues est encore longue. La plus importante, c’est ce guichet unique, recommandé par la commission et les partis politiques en mai 2017. Georges Dallemagne, membre de la commission parlementaire "Attentats", déclarait à cette époque, à propos de ce "guichet": "Que ce soit sur le plan financier, le plan médical, le plan administratif, il y aura quelqu'un à côté de vous pour vous aider au quotidien aussi longtemps que vous en aurez besoin".
Les choses sont "extrêmement pénibles et extrêmement complexes"
Aujourd’hui, pourtant ... rien n’a changé. "Il n'existe toujours pas, on comprend que d'un côté c'est tellement complexe, notre Etat, que ça dure longtemps. Mais d'un autre côté, il faut aussi comprendre les victimes: ça dure trop longtemps", ajoute Philippe Vansteenkiste.
"Pour l'instant, on est tout à fait en dehors de ce cadre-là, puisque ce n'est pas un face à face, mais c'est vraiment multipartite, et vous avez une multiplicité d'interlocuteurs, qui rendent les choses extrêmement pénibles et extrêmement complexes", estime Nicolas Estienne, avocat d'une trentaine de victimes.
Les victimes sont usées par des expertises toujours plus nombreuses. "C'est quelque chose que les victimes doivent subir, alors à la fin, il y a beaucoup de gens qui disent, moi j'en ai marre, je laisse tomber", dit encore le président de l'association des victimes des attentats.
Une expertise unique et un fonds de garantie
Pour Nicolas Estienne, il faut une expertise unique et un fonds de garantie comme c’est le cas en France. "Là, ce fonds d'indemnisation, on l'attend toujours, et ça, de ce côté-là, il n'y a pas eu de progrès, il y a eu des projets qui ont été établis notamment par le cabinet du ministre Peeters, mais qui n'allaient pas du tout dans la bonne direction".
En trois ans, 682 dossiers de victimes du 22 mars ont été ouverts.
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