Comme beaucoup de secteurs, le secteur immobilier a été totalement à l'arrêt pendant le confinement mais à l' inverse d'autres, il semble avoir bien repris. Éric Verlinden, le patron du groupe Trevi était ce midi l'invité du RTL Bienvenue. Il répond aux questions de notre présentatrice Alix Battard.
Alix Battard: Certains disent que vous avez repris en FORCE, d'autres que les Belges ont quand même abandonné leurs projet d'achats immobilier ? Qu'en est-il chez vous ?
Eric Verlinden: Dans la réalité du terrain chez Trevi,et sur l'ensemble du secteur immobilier, aujourd'hui, on travaille exactement en copier-coller de la situation qu'on avait en janvier et février. Si vous regardez le nombre de demandes que nous enregistrons, si vous regardez le nombre de visites qui sont effectuées, si vous regardez le nombre de ventes qui sont effectuées dans l'ensemble des départements, on est en copier-coller par rapport à janvier et février. Donc c'est ni extraordinairement euphorique, ni mauvais. Au contraire, puisque le rythme des mois de janvier et de février était un rythme très agréable."
Alix Battard: Vous vous attendiez à ce que ça reprenne aussi bien?
Eric Verlinden: Non, dans nos prévisions, c'était une reprise en V, dont la barre de droite serait un peu plus aplatie, c'est-à-dire une reprise progressive. En réalité, dès le 11 mai et la première phase du déconfinement, la reprise a été extrêmement vigoureuse.
Alix Battard: Pourtant, il y a ce baromètre des investisseurs dressé par ING, qui contredit vos propos. Il nous apprend que 52% des investisseurs belges auraient reporté leur achat et ce, dû à la crise du Covid.
Eric Verlinden: Loin de moi l'idée de mettre cette analyse en doute dans la mesure où je ne sais pas quand elle a été faite, ni sur quelle période elle porte. Mais dans la réalité des chiffres, je ne peux pas valider ça puisque nous vendons et nous ne sommes pas les seuls à vendre de la même manière. De notre côté, la réalité du terrain ne correspond pas à cette analyse, c'est une certitude.
Alix Battard: Y a-t-il a eu un effet confinement dans les visites ? Je veux dire, est-ce qu’il y a plus de demandes pour des biens avec des jardins, avec des terrasses ?
Eric Verlinden: Je pense qu' il faudra distinguer deux choses: la période juste post covid et les études qui ont été faites dans les 15 jours qui suivaient le déconfinement et les études qui seront faites dans les 3,4,5 mois. Si vous regardez les choses sur six mois je suis persuadé que les tendances qu'on enregistrait début de l'année se reproduiront de la même manière. Donc non, je ne pense pas qu'on aura un effet Covid. Evidemment, si vous êtes d'une famille avec deux enfants et que vous avez vécu pendant dans 80 mètres carrés pendant 6, 7 semaines et qu'on vous demande le lendemain: "Tiens est-ce que vous aimeriez avoir une terrasse?" et vous n'en aviez pas, je pense que la réponse naturelle est de dire: "Oui, j' aimerais bien." Mais, il faut voir ça sur du long terme avec un tout petit peu de recul.
Alix Battard: Pour l'instant, ce sont des visites pour un achat pour y vivre ou est-ce du placement?
Eric Verlinden: Alors il y a deux aspects et vous avez raison de le souligner. Les chiffres sont les mêmes pour les deux et c'est pour ça que je disais que l'ensemble des départements chez nous travaillent de la même manière à la fois au niveau des investisseurs privés et à la fois au niveau des acheteurs occupants. Le nombre de ventes enregistrées est le même. Pour être très concret, et encore une fois, et ce n'est pas pour essayer de vendre une soupe quelconque. Aujourd'hui par exemple, il y aura 45 visites d'une maison à 695.000 euros à Auderghem. Ce bien a été mis en vente ce week-end et aujourd'hui, il y a plus de 45 visites qui auront lieu. Ce n'est quand même pas le témoignage d'un marché extrêmement calme et peu vigoureux. C'est exactement la même tendance qu'on enregistrait il y a quelques mois.
Alix Battard: Les prix sont-ils les mêmes qu'avant la crise?
Eric Verlinden: Je rappelle aussi que durant le mois d'avril, il y a une communication un petit peu différente qui a été faite en fonction de l'origine de cette communication. Certains préconisaient une baisse de prix du résidentiel de manière assez forte puisqu'on parlait d'une baisse de 5 à 10%. La réalité des marges aujourd'hui, n'est pas celle-là. On a les mêmes prix. Alors comment est-ce qu'on le sait? Et bien, on le sait simplement parce que nos experts qui vont sur le terrain pour évaluer les biens, ils travaillent sur des points de comparaison, sur des valeurs que, eux, estiment être les valeurs d'aujourd'hui. Ils peuvent se tromper mais à partir du moment où le bien se vend dans les mêmes délais, et bien ça veut dire que le marché considère que ces valeurs sont justes.
Alix Battard: Mais pour un achat, c'est quand le moment d'un peu plus négocier. Le contexte actuel n'est-il pas plus propice à la négociation?
Eric Verlinden: Pour l'acheteur pas forcément, ni plus ni moins qu'avant, je dirais. Mais encore une fois tout dépend du volume d' acquéreurs que vous avez. Vous savez vous êtes propriétaire de cette maison dont je parlais à Auderghem. Si vous avez 50 visiteurs qui se pressent devant votre porte est-ce que vous auriez tendance à négocier le prix? Non.
Alix Battard: Mais est-ce que les banques, elles, suivent. Est-ce qu'elles accordent aussi facilement qu'avant un crédit pour ce genre de projets?
Eric Verlinden: C' est aussi un élément important, c'est évidemment l'octroi de crédits. Je rappelle que début de l' année la BNP avait déjà mis un certain nombre de freins en disant, on va demander plus d'apport de fonds propres de la part des gens qui investissent ou des gens qui achètent pour eux-mêmes et donc très clairement, on est dans le même registre. Donc ça demande toujours aujourd'hui l'apport de fonds propres. Mais ce n'est pas un trait spécifique de la période post Covid. Je dirais puisqu'on a eu cette information pas plus tard qu'hier: il semblerait que le secteur bancaire confirme que les taux d'intérêts hypothécaires iraient plutôt vers un léger moins qu'un léger plus, contrairement à ce qui avait été dit début d'année.
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