La Belgique connaît sa pire production de blé depuis plus de 30 ans. Une situation catastrophique pour les cultivateurs, qui viennent justement d'entamer les moissons. Avec la météo qu'on a connu ces derniers mois, il paraît déjà évident que la récolte 2016 sera une année particulièrement mauvaise. Julien Crête et Thomas Decupere sont allés s'en rendre compte pour le RTL info 13 heures.
En raison de la météo incertaines, aujourd'hui encore, les moissonneuses sont à l'arrêt. Depuis quelques jours, le blé est en effet trop humide et les agriculteurs doivent sans cesse postposer la récolte. Et ces conditions météo ont également un impact sur la qualité des céréales. Il faut en effet plusieurs jours consécutifs de beau temps pour que tous les blés soient rentrés dans les greniers.
"On le voit rien qu'à la longueur, c'est quasiment du simple ou double", dit Alain Prévost, agriculteur en comparant deux épis de blé. Ceux qu'il a dans son champ cette année sont nettement plus petits et les grains sont également deux fois moins gros. La perte de rendement est énorme pour cet agriculteur: "pour l'ensemble du champ, 50%".
Deux fois moins de blé que d'habitude
Du coté des négociants en céréales, le constat est le même… les rendements sur les cultures sont très bas: moins 30 à moins 50%. La grêle et la pluie ont perturbé les floraisons et dans certains hangars, les réserves sont très faibles.
"Nous sommes à mon avis à 50% de ce qu'on doit avoir normalement chaque année. La situation est catastrophique, les agriculteurs se plaignent. L'avenir de l'agriculture s'annonce mal", déclare Alexis Fayt, négociant en céréales.
Pour les producteurs, cette année sera la pire depuis 20 ans en termes de rendement. Le problème pur eux est que le marché est devenu international, les courts également.
"Au point de vue des prix, ça ne s'annonce pas bien, en ce sens que nous dépendons du marché mondial et les rendements en Ukraine, en Russie et aux Etats-Unis sont très bons, alors que ce sont de gros producteurs de céréales", ajoute Joseph Fayt, également négociant en céréales.
Outre les rendements, la qualité du blé laisse également à désirer. Impossible de dire pour le moment quel sera l'impact sur les prix pour les consommateurs.
De sérieux concurrents aux producteurs européens
Si la production de blé est particulièrement mauvaise dans le Benelux, en France (premier exportateur européen) et dans une partie de l'Allemagne, le tableau est nettement moins sombre pour les autres principaux producteurs mondiaux comme les États-Unis, le Canada et, surtout, les "pays de la mer Noire" (Russie, Ukraine et Kazakhstan), principaux concurrents de l'Europe de l'Ouest sur les marchés du pourtour méditerranéen.
Au point que le Conseil international des céréales table sur une récolte mondiale d'un niveau comparable à la production record de l'été 2015, qui avait atteint 730 millions de tonnes. Des prévisions qui plombent les cours du blé. A la Bourse de Chicago, par exemple, les cours du blé américain se sont approchés la semaine dernière de leurs plus bas niveaux depuis 10 ans.
"C'est ce que j'appelle une triple peine: on n'a pas de rendements, on n'a pas de qualité, avec un poids spécifique en-dessous de la norme, et on n'a pas les prix", estime Jean Wart, responsable ès céréales à la Société coopérative agricole de la Meuse (Scam), qui gère 50 points de collecte au sud du pays. Pour lui, la production de blé cette année en Belgique est assurément la plus mauvaise depuis au moins 30 ans.
Avant cela, la récolte de l'escourgeon, ou orge d'hiver, qui s'est terminée à la mi-juillet en Wallonie, s'était déjà avérée désastreuse, avec des rendements en baisse de 30 à 40%. Pour le colza, dont la surface cultivée atteint quelque 15.000 hectares en Wallonie, la situation est plus "mitigée", avec des rendements très hétérogènes. Toujours selon Jean Wart, la récolte de colza "est moins catastrophique que celle des céréales à paille".
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