La police fédérale diffuse mercredi, à la demande du parquet fédéral, un avis de recherche pour retrouver Jurgen Conings, âgé de 46 ans. Ce militaire est recherché depuis mardi après-midi, suspecté de vouloir s'en prendre au virologue Marc Van Ranst qu'il avait menacé par le passé. Il figure sur la liste des terroristes et extrémistes de l'Ocam, l'organisme chargé de l'analyse de la menace terroriste, en raison de ses sympathies d'extrême droite.
Depuis plusieurs mois, on observe une montée de la violence au sein de l'extrême droite. Cette violence s'exprime notamment sur les réseaux sociaux. Comme nous l'explique notre journaliste Antoine Schuurwegen, il n'y a aucun signe de l'existence de groupes structurés en Belgique prêts à commettre un acte violent. Mais comme pour les terroristes jihadistes, un acte isolé reste toujours possible. C'est ce à quoi on est en train d'assister pour l'instant.
Comment expliquer la présence de militaires sur la liste de l'Ocam?
En Belgique, l'extrême droite ne se résume pas à une seule organisation mais à une multitude de groupuscules qui entretiennent des liens entre eux mais également des liens avec l'étranger où l'on retrouve des structures plus organisées. On compte une cinquantaine de personnes fichées pour extrémisme violent en Belgique, précise notre journaliste. Celles-ci sont reprises sur la liste de l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace, dit "Ocam".
Au sein de cette liste, figurent des militaires. Comment est-ce possible? Figurer sur cette liste n'est ni un crime ni un délit, insiste Antoine Schuurwegen. "C'est le signe que l'on a une attitude qui n'est pas en adéquation avec la vie courante. Pour qu'il y ait une sanction, il faut commettre un acte illégal", précise-t-il.
Les services de renseignement de la Défense travaillent en collaboration avec l'Ocam. Une enquête interne va être être menée au sein de la défense.
Une enquête interne va être menée
Une trentaine de militaires soupçonnés de sympathie avec l'extrême droite sont suivis de près par le service de renseignement de l'armée, a récemment indiqué le chef de ce service, le général-major Philippe Boucké. "On creuse et on trouve. Le screening fonctionne bien. La menace reste infime au sein de la Défense", expliquait le "patron" du Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) dans une interview publiée le 27 mars dernier par le journal 'Le Soir'. Interrogée dans la foulée à la Chambre, la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), avait toutefois relativisé ce chiffre le 20 avril. "Il faut interpréter prudemment le chiffre de trente militaires en lien avec l'extrémisme de droite car il inclut les personnes pour lesquelles l'enquête pourrait conclure à l'absence de formes d'extrémisme", avait-elle répondu aux députés Guillaume Defossé (Ecol) et Kris Verduyckt (Vooruit).
Contraires aux valeurs de l'armée, le racisme et la xénophobie sont une infraction pénale et ne sont pas admis pour un militaire. Les sanctions dépendent de multiples facteurs. L'autorité peut sanctionner le militaire par une mesure statutaire pouvant aller jusqu'au licenciement, avait ajouté la ministre. Elle avait précisé qu'outre la vérification de sécurité prescrite par la loi, les nouvelles recrues sont également soumises à un examen de conformité aux normes et valeurs de l'armée. L'enquête du département d'état-major renseignement et sécurité (le SGRS), un extrait du casier judiciaire, un CV standardisé, les tests de personnalité et l'entretien de sélection peuvent révéler des éléments indésirables. Dans ce cas, le candidat est exclu de la procédure de sélection, avait souligné Mme Dedonder. Un de ses prédécesseurs à la Défense, André Flahaut (PS), a toutefois déploré que le screening ne se produise 'qu'à l'entrée" et plus par la suite. Il n'y a pas de screening pour le personnel civil de la Défense, a-t-il encore déploré auprès de l'agence Belga.
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