RTL info part à la rencontre de ceux qui ont vécu les attentats du 22 mars au plus près. C’est le cas de Cindy Bulinckx, employée de la STIB. Elle conduisait le métro qui arrivait à Maelbeek ce matin-là et qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de la rame qui a explosé. Elle n’a jamais repris son travail. Notre journaliste Emmanuel Dupond a recueilli son témoignage.
Des centaines de voyageurs empruntent chaque jour le métro dans la station Maelbeek, marquée à jamais par les attentats du 22 mars. Des centaines de personnes, sauf Cindy.
"Je n’ai pas encore été capable de retourner dans une station de métro"
"Je n’ai pas encore été capable de retourner dans une station de métro", explique-t-elle. Cindy Bulinckx est conductrice de métro. Le matin du 22 mars, il est 9 heures 10 lorsqu’elle quitte la station Arts-Loi, direction Maelbeek.
"Je ferme mes portes à Arts-Loi et je démarre. Quand je suis à pleine puissance, en un coup… une explosion, un grand bruit. Ma porte de poste de conduite s’ouvre à la volée, elle claque. Un choc. Là, je regarde vers Maelbeek et je ne vois plus le collègue que j’avais en vision juste deux secondes avant", raconte-t-elle, encore émotionnée.
"Ma responsabilité, en tant que conductrice de métro, ce sont mes clients"
"Le sentiment, c’est la peur. On entend les gens qui appellent à l’aide, les gens qui crient de douleur, de peur aussi", se souvient Cindy. "Je vais leur porter secours. Je m’occupe des 700-800 personnes qui sont dans mon métro. Là, je me dis que ma responsabilité, en tant que conductrice de métro, ce sont mes clients. Je vais donc m’occuper d’eux. On verra après si je peux m’occuper d’autres personnes."
"J’ai évacué tout mon métro. Quand je suis arrivée à l’air libre dans la rue à Arts-Loi, je me suis assise. Là, je me suis effondrée et j’ai commencé à ressentir une grosse douleur dans la nuque."
"Je ne me sens plus en sécurité. Et j’ai encore plus peur pour mes enfants"
Les jours et les semaines passent, les cauchemars apparaissent, comme les pertes de mémoire. La jeune femme est actuellement toujours suivie par un psychologue. "Quand je vais dans un supermarché, s’il y a trop de monde, je vais préférer ressortir. Quand mes enfants demandent d’aller à un concert ou un festival, je freine des quatre fers", dit-elle. "Je ne me sens plus, moi, en sécurité. Et j’ai encore plus peur pour mes enfants."
Aujourd’hui, Cindy Bunlinckx n’envisage toujours pas de reprendre son métier de conductrice de métro.
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