Conduire les enfants à l'école, à la crèche, ou à leur activité parascolaire peut prendre beaucoup de temps. Une enquête de la Ligue des familles sur la mobilité des parents dévoile qu'un parent wallon sur quatre passe plus de 2h par jour dans ce type de trajet. Deux parents sur dix ont même renoncé à une offre d'emploi car elle n'était pas compatible avec les déplacements de leurs enfants. Les parents sont-ils les grands oubliés de la mobilité?
Notre équipe s'est rendue à Malonne, juste devant une école. Comme chaque matin, il y a beaucoup d'embouteillages. Des parents nous expliquent que les déplacements de leurs enfants peuvent représenter un véritable défi quotidien, voire une sorte de marathon.
Selon l'étude de la Ligue des familles, la voiture est le moyen de transport principal pour 6 parents sur 10.
Une marche organisée pour que les élèves viennent à pied ensemble
Mais à côté des véhicules observés à Malonne, nous avons vu quelques personnes qui préfèrent venir à pied. Dans l'école locale, les élèves peuvent prendre le "pédibus". C'est une marche organisée depuis un point de rendez-vous à deux kilomètres de l’école.
"Je gagne du temps, j'évite le stress de devoir faire la file devant l'école, et on respire mieux aussi", confie un père. "En voiture tu as toujours l'impression que tu as oublié quelque chose, ou que tu vas arriver en retard, ou qu'il va y avoir des bouchons", nous explique une petite fille.
Pauline amène ses enfants en vélo… mais reste inquiète sur la route
Pauline, elle, va elle plus vite avec son vélo. Elle l’utilise tous les jours pour conduire ses enfants. Mais elle n’est pas toujours rassurée. "La sécurité, c'est ça l'inquiétude pour le moment. Ne pas se faire… Juste là, il y a une voiture qui était vraiment proche de la charrette. J'ai dû toquer sur la portière pour qu'ils prennent conscience qu'il y avait des enfants derrière", confie Pauline.
Comme Pauline, 90% des parents ne se sentent pas en sécurité à vélo avec leurs enfants.
Dans une association namuroise que nous avons visitée, les membres tentent de rassurer les parents au travers d'actions dans les écoles. "Mettre les parents en confiance pour qu'ils lâchent leurs enfants à quelques centaines de mètres de l'école, et permettre aux enfants de faire cette distance à pied, c'est une des solutions pour désengorger les abords des écoles mais aussi pour libérer du temps aux parents", explique Mathieu Le Clef, directeur de l'ASBL Empreintes.
Moins de 30% des sondés sont satisfaits par les transports en commun
Changement de région: nous rejoignons Woluwe-Saint-Lambert en région bruxelloise. Devant une école, un arrêt de bus a été installé. Pour une élève, c'est une bonne solution. "Il y en a assez souvent et je ne suis pas loin, donc c'est pratique", confie Damé.
Pourtant, moins de trois parents sur dix sont satisfaits par les transports en commun. "Ah non, ce n'est pas possible, les connexions entre De Lijn et la STIB. Puis avec les trois petits il faut faire les devoirs, le repas, plus les activités… donc non", réagit une mère que nous avons interrogée, juste avant d'embarquer dans sa voiture.
Quand on est plusieurs, c'est plus compliqué
Pour la Ligue des Familles, les parents sont les oubliés de la mobilité. "Toute la logique de mobilité, elle est basée sur une logique de une personne se déplaçant d'un point A à un point B. Quand on est plusieurs, c'est plus compliqué. Un exemple tout simple, ce sont les voitures partagées ou les vélos partagés: il n'y a pas de siège pour enfant prévu dans ces autos ou vélos", indique Christophe Cocu, directeur général de la Ligue des familles.
Il y a chaque jour 657.000 enfants de moins de 12 ans à conduire en Wallonie et à Bruxelles. Le défi est donc important.
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