Hier, nous vous parlions d'une jeune fille de 17 ans de Grâce-Hollogne, en province de Liège, victime de harcèlement de la part d'une autre adolescente, de Seraing. Les mots sont durs: incitation au suicide et menaces de coups. Le directeur de l'Openado, Jérôme Gherroucha, était l'invité du RTL INFO 13h, pour en parler. Il donne quelques conseils.
Hier, nous vous parlions d'une jeune fille de Grâce-Hollogne, victime de harcèlement sur les réseaux sociaux. Elle a subi des menaces de coups et des incitations au suicide. Depuis lors, elle refuse de se rendre à l'école. Jérôme Gherroucha était l'invité du RTL INFO 13h pour parler de cette affaire. Il est directeur de l'Openado, un service de la province de Liège, d'orientation et prévention pour les enfants et les adolescents. Il est spécialisé notamment sur les questions d'harcèlement à l'école.
Olivier Schoonejans: "Vous organisez une semaine de sensibilisation au harcèlement la semaine prochaine avec un spectacle qui s'appelle "C'était pour rire". C'est souvent ce que disent les harceleurs finalement 'c'était pour rire'. Qu'est-ce qu'on doit expliquer là-dedans ?
Jérôme Gherroucha: "Exactement. Pour pouvoir définir le harcèlement, on estime que le harceleur doit avoir l'intention de nuire ou à tout le moins avoir conscience. Souvent, ils ont tendance à se déculpabiliser en disant "mais non mais c'était juste pour rire c'est lui qui n'a pas compris". Donc il y a cet effet de dédramatisation alors que pour la victime les impacts sont vraiment là. C'est pour ça que dans le cadre de notre semaine de prévention du harcèlement, qui s'intitule "Je vois, j'entends, j'agis", on commence notamment par la pièce "C'était pour rire" de Thomas Delvaux, qui s'adresse spécifiquement aux 5 ème et 6 ème primaire. Il amène avec beaucoup d'autodérision cette question de la dédramatisation entre autres".
En tant que parent, il faut être toujours à l'écoute, toujours en alerte
Olivier Schoonejans: Un conseil pour les parents dont les enfants parfois peuvent venir avec des témoignages de harcèlement ou des situations qui sont très limites. Qu'est-ce qu'on doit faire en tant que parents quand on est confronté à ça ?
Jérôme Gherroucha: "En tant que parent, il faut être toujours à l'écoute, toujours en alerte. Il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa et tomber dans le contrôle par rapport à son enfant mais en tout cas pouvoir ouvrir les portes, pouvoir en discuter avec lui. Nous, on estime que le harcèlement, c'est vraiment l'affaire de tous. Les chiffres montrent que très peu de jeunes, 2/3 des jeunes, osent évoquer le fait qu'ils sont harcelés donc ça veut dire qu'il y a un tiers des jeunes victimes qui restent dans un mutisme complet. Dans les personnes qui osent en parler, dans 50 % des cas, c'est à des amis ensuite viendront dans un second temps la famille. C'est là où les parents doivent pouvoir effectivement être à l'écoute de cette souffrance chez leurs enfants".
Olivier Schoonejans: Un des messages que vous adressez, c'est de dire à tout le monde, un chef scout, un entraîneur de sport ou un ami, que si vous entendez ce message, agissez ? Mais comment est-ce qu'on agit quand on est témoin du message de quelqu'un qui se dit harcelé?
Jérôme Gherroucha: "Effectivement, il y a les professionnels qui sont spécialisés pour prendre en charge mais dans 10-12 % des cas éventuellement les jeunes vont les interpeller directement. Donc quand c'est l'affaire de tous, un mouvement de jeunesse, un coach sportif, un am,i un voisin, peut être un moment donné interpeller. La première réaction, c'est de montrer à la victime qu'elle n'est pas seule parce que souvent effectivement il y a un sentiment de solitude qui s'installe chez la victime. C'est de pouvoir aussi déculpabiliser la victime et essayer de l'inciter à un moment donné à pouvoir réagir. Après en tant que témoin, le simple fait de montrer qu'on ne cautionne pas, de pouvoir réagir, de pouvoir conseiller et soutenir, c'est déjà une première bonne base".
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