Si le comité de concertation a annoncé vendredi de bonnes nouvelles pour les métiers de contact, ces mesures déçoivent encore certains autres secteurs comme la culture, le monde de la nuit ou encore les étudiants koteurs.
Alors qu'un accord était intervenu entre les Communautés et les experts sur une bulle élargie pour les étudiants koteurs, le Comité de concertation n'est finalement pas allé en ce sens lors de sa réunion ce vendredi. En réponse à la détresse psychologique que vivent de nombreux jeunes, cette bulle spécifique ou "bulle de kot" devrait permettre à six jeunes, kotant ensemble, d'avoir des interactions entre eux. Le ministre flamand de l'Enseignement, Ben Weyts (N-VA), a fait part, vendredi soir, de sa déception. "Nous avions un accord entre toutes les Communautés et avec les virologues. Je ne comprends donc pas pourquoi ce n'est pas possible. Cette mesure aurait pu donner des perspectives positives à une partie des étudiants qui sont fortement touchés par des mois d'isolement social", a-t-il déclaré.
Par ailleurs, la Fédération des cinémas de Belgique (FCB) s'est dite déçue qu'aucun assouplissement n'ait été annoncé pour le secteur culturel. "Nous mettons tous nos espoirs dans le prochain Codeco du 26 février", a réagi Thierry Laermans, secrétaire de la FCB, qui réclame des aides substantielles urgentes pour le secteur. "Tous les cinémas ont appliqué le protocole de sécurité à la lettre dans les salles et aucun foyer de coronavirus n'a été retracé après une visite au cinéma", souligne-t-il. "Plus le temps passe et plus la nécessité de percevoir des aides urgences s'accroît", indique-t-il encore, regrettant qu'on n'ait pas tenu compte du besoin des citoyens de se détendre en allant au cinéma. La Fédération des cinémas de Belgique place tous ses espoirs d'assouplissement des mesures pour le secteur dans le prochain comité de concertation du 26 février. "Nous espérons pouvoir rouvrir et profiter des vacances de Pâques", conclut Thierry Laermans.
De son côté, Lorenzo Serra, porte-parole de la Brussels by night Federation, ne s'attendait pas à ce que le Comité de concertation aborde le secteur de la nuit ce vendredi. Il déplore toutefois qu'aucune perspective n'ait été donnée, estimant qu'un "être humain en a besoin pour vivre", pour sa santé mentale. Lueur d'espoir tout de même: la Région de Bruxelles-Capitale a proposé une aide financière au monde de la nuit, reconnu comme essentiel à la vie économique et touristique de la région. "On est très heureux d'être reconnu mais ce n'est pas suffisant", pointe toutefois M. Serra, qui souligne que les aides ne couvriront qu'un moment les coûts fixes "des secteurs qu'on force à fermer".
Si les coiffeurs pourront rouvrir dès le 13 février prochain, les tatoueurs et pierceurs ne le pourront, eux, qu'à partir du 1er mars. "Nous avons enfin une date fixe pour la réouverture", se réjouit Gwenaëlle Reaume, secrétaire de l'ASBL Tatouage Belgique, "mais la logique aurait voulu qu'on ouvre avant les coiffeurs, vu que notre métier implique qu'on a une formation à l'hygiène de base".
Nous n'avons aucune perspective, c'est insuffisant
Si le Codeco a apporté de bonnes nouvelles aux métiers de contacts ainsi qu'aux parcs animaliers, aucune perspective n'a été donnée au secteur culturel."Plus que de la déception, c'est de la lassitude" a réagi Patricia Santoro, directrice de l'association des centres culturels. Le Premier ministre Alexander De Croo a bien annoncé qu'une feuille de route serait élaborée pour déterminer à partir de quels seuils des assouplissements peuvent intervenir, mais "cela reste trop flou", juge Mme Santoro. "Ça fait un an que cette crise sanitaire a commencé, pourquoi cette feuille de route n'existe-t-elle pas déjà?", s'interroge-t-elle. "Nous n'avons aucune perspective, c'est insuffisant", s'insurge-t-elle. Pour la directrice de l'association qui représente 119 centres culturels reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles, chaque Codeco se suit et se ressemble, apportant son lot de déceptions. "Cela devient lassant que rien ne bouge. On attendait déjà des assouplissements pour les activités extérieures, y compris pour organiser des événements avec des jauges limitées, au dernier Codeco. On n'avait déjà rien et force est de constater que certains secteurs peuvent continuer à ouvrir, selon des conditions qui ne nous semblent pas moins dangereuses" que ce que les centres culturels demandent.
Même déception du côté des guides et médiateurs culturels, qui réclamaient l'autorisation des visites guidées en extérieur pour des groupes de 15 personnes maximum. Néanmoins, Marie-Eve Triers, présidente de l'association des Guides et médiateurs culturels de Belgique, n'est pas surprise. "On ne s'attendait pas vraiment à des assouplissements vu que le secteur culturel passe souvent après le reste. (...) C'est un choix politique que je déplore et qui a un impact sur les gens", estime-t-elle. Elle ne comprend d'ailleurs pas pourquoi des visites ne peuvent se tenir à l'extérieur, moyennant des protocoles sanitaires stricts. "Lors des Journées du patrimoine en septembre, nous avons fait des visites à l'extérieur et cela n'a pas mené à des contaminations avérées. C'est démesuré de tout interdire", regrette-t-elle.
Les parcs d'attractions envisagent de saisir le Conseil d'État
Les parcs d'attractions belges envisagent de saisir le Conseil d'État alors qu'ils sont toujours contraints de rester portes closes, a fait savoir vendredi Steve Van den Kerkhof, CEO du groupe Plopsa, au nom des membres de Belgoparks, l'association des parcs d'attractions belges. Les différents parcs d'attractions trouvent injuste que le Comité de concertation ait décidé d'ouvrir les parcs animaliers. Les parcs d'attractions regrettent également le manque de perspectives pour leur réouverture.
"Nous ne comprenons pas pourquoi les parcs animaliers sont autorisés à ouvrir alors que les parcs d'attractions non. Nous espérions une égalité de traitement", a expliqué M. Van den Kerkhof. Les parcs d'attractions dénoncent également le manque de communication. "Si, aux Pays-Bas ou en Allemagne, une décision est prise concernant les parcs d'attractions, nous recevons au moins un appel téléphonique à ce sujet. En Belgique, nous n'avons pas d'explication et cela provoque des malentendus", a ajouté M. Van den Kerkhof.
Les parcs d'attractions belges demandent également des perspectives sur la réouverture. "Nous avons besoin de temps pour préparer la réouverture. Nous aimerions ouvrir d'ici les vacances de Pâques, mais même cette perspective ne nous est pas offerte. Nous ne pouvons plus continuer comme ça. Certains parcs d'attractions ont déjà subi des pertes de plus de dix millions d'euros. Pour les parcs Plopsa, cela représente plus de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires perdu".
Les membres de Belgoparks envisagent donc de s'adresser au Conseil d'État. Les parcs d'attractions attendent la publication de l'arrêté ministériel et évalueront alors s'il y a lieu ou non d'introduire un recours.
> Coronavirus en Belgique: où en est l'épidémie ce vendredi 5 février ?
> Coronavirus en Belgique: les mesures décidées par le comité de concertation ce vendredi
Vos commentaires