Dès ce dimanche, nous pourrons à nouveau accueillir des personnes à la maison. Les mesures liées au déconfinement imposent cependant un nombre de quatre personnes maximum, toujours les mêmes. Celles-ci ne pourront ensuite pas voir d'autres foyers.
Cette limitation est importante pour éviter la propagation du coronavirus, mais elle peut être très délicate au moment de faire son choix. Jean Van Hemelrijck, psychothérapeute spécialisé dans les relations familiales, était l'invité du RTL INFO 19H ce samedi. Nous l'avons interrogé pour savoir comment expliquer à un proche qu'on ne l'a pas choisi, et ensuite comment gérer la culpabilité qu'on pourrait ressentir.
Salima Belabbas: Que faut-il dire à quelqu'un qui est déçu de ne pas avoir été "choisi"?
Jean Van Hemelrijck: Il faut simplement lui expliquer les raisons qui font qu'on a fait ce choix. On est dans une société où la pudeur et la discrétion et l'élégance ont pris le pas sur d'autres valeurs. Cette catastrophe fait voler en éclats cette pudeur. Il va falloir qu'on explique, qu'on dise, et simplement expliquer les raisons. Vous savez, dans toutes les familles, il y a des préférences. Ça fait partie de l'économie des familles. On a tendance à faire semblant qu'on aime tout le monde de la même manière. On a tendance à faire semblant que l'amour règne de manière égalitaire, ce qui n'est jamais le cas. Il y a des moments où nos partenaires de vie nous semblent magnifiques, le lendemain ils nous semblent un petit peu moins magnifiques. Et puis on n'aime pas tous les enfants de la même manière au même moment, ou ses parents de la même manière au même moment. Ça fait partie vraiment des choses auxquelles on est confronté quotidiennement. Le fait de le remettre en marche va naturellement aboutir à des crises, des confrontations. Mais il faut parler, se dire les choses et expliquer les bonnes raisons qu'on a d'avoir fait ça comme ça. Il faut trouver des mots pour que l'autre puisse comprendre. Ça va éventuellement amener des frottements, des confrontations, des déchirures, des larmes. Mais le temps, la parole et l'espoir que demain ça aille un peu mieux, ça va amener à ce que ces situations soient dépassées.
Salima Belabbas: Et comment gérer la culpabilité du choix?
Jean Van Hemelrijck: C'est une question dont on n'a jamais trouvé la réponse. Nous sommes des êtres qui ressentons de la culpabilité depuis toujours. Le coronavirus n'est jamais qu'un contexte particulier. S'il y avait une recette, on la connaîtrait. Non, la seule chose qu'il y a, c'est de pouvoir à la fois dire son désarroi, sa colère, sa peur, exprimer les choses qui nous traversent, de manière à ce que l'autre puisse les entendre. La culpabilité, c'est le silence, c'est l'absence de parole. C'est lorsque, quelque part, on se dissimule. Quand on se voit, la culpabilité souvent diminue en grande partie.
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